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Les facteurs qui influencent la prescription

Publié le 02/10/2015
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Crédit photo : BURGER/PHANIE

En France, près de 90 % des consultations de médecine générale donnent lieu à une prescription médicamenteuse (1) contre 83 % en Espagne, 72 % en Allemagne et 43 % aux Pays-Bas, mais celle-ci n’est pas dénuée de risques (iatrogénie, environnement, économie). Il existe un lien certain entre la prescription médicamenteuse et les caractéristiques sociodémographiques des médecins et des patients mais aussi avec la durée des consultations et le type de diagnostic (1).

› Une étude dérivée du programme ECOGEN dont l’objectif est de décrire les motifs de consultation associés aux problèmes de santé pris en charge en médecine générale, a analysé l’ensemble des facteurs déterminant la prescription médicamenteuse en médecine générale (2) parmi lesquels l’influence de facteurs externes (visiteurs de l’Assurance Maladie, visiteurs de l’industrie pharmaceutique, adhésion au Contrat d’amélioration des pratiques individuelles (CAPI), ancêtre de la ROSP).

› Cette étude nationale multicentrique sur 20 600 consultations de médecine générale, de décembre 2011 à avril 2012, montre un taux de prescription médicamenteux de 80,7 % confirmant les données antérieures (1, 3, 4).

La visite des délégués de l’industrie pharmaceutique au moins 5 fois par semaine (OR=1,60 ), le sexe féminin des malades (OR = 1,12), l’âge de 14 ans ou moins et de 60 ans ou plus (p < 0,0001), la présence d’une ALD (OR=1,73 ; p < 0,0001) et le nombre de résultats de consultation (p < 0,0001) étaient suivis d’une prescription médicamenteuse d’autant plus importante.

Les situations les plus fréquentes lors de prescriptions médicamenteuses étaient la prise en charge des facteurs de risque cardio-vasculaires et les maladies respiratoires aiguës. Les consultations sans prescription médicamenteuse étaient dans 26,9 % des cas des situations de prévention.

› A contrario, le fait d’être un nouveau patient, la situation d’accident du travail ou de maladie professionnelle généraient moins souvent de prescription médicamenteuse. La visite des délégués de l’Assurance Maladie et l’adhésion à la CAPI n’étaient pas des déterminants de la prescription médicale.

› La distinction entre primo-prescription et renouvellement de prescription faite initialement par le spécialiste n’était pas prise en compte et pourrait nuancer l’influence des visiteurs de l’industrie pharmaceutique.

Concernant l’âge, l’incidence des infections respiratoires chez l’enfant et des multiples pathologies de la personne âgée justifient un taux de prescription plus élevé. Le recours à des traitements non médicamenteux ou les procédures administratives plus fréquentes dans les accidents du travail font écho au taux plus faible de prescription médicamenteuse.

› En pratique, la prescription médicamenteuse est très élevée en France (5). Les thérapeutiques non médicamenteuses sont difficiles à mettre en œuvre de par la méconnaissance des recommandations, d’un manque de temps mais aussi d’un accès géographique et financier inégal (6). Une évolution des pratiques vers davantage de coopération entre professionnels pourrait aider à favoriser les thérapeutiques non médicamenteuses.

Darmon D, Belhassen M, Quien S et al. Facteurs associés à la prescription médicamenteuse en médecine générale. Santé Publique 3/2015 ;353-362.
Dr Charlotte Mouly, fmc@legneraliste.fr

Source : lequotidiendumedecin.fr