Plusieurs milliers de prothèses d’épaule sont posées chaque année. En France, environ 6000 arthroplasties par an sont réalisées et leur nombre augmente de 20 % par an. Il s’agit d’une opération mature, bien réglée, standardisée dont le bénéfice est à la fois antalgique et fonctionnel. La moyenne d’âge des patients opérés est de 67 ans.
QUELLES SONT LES ÉTIOLOGIES DE L’OMARTHROSE ?
- L’omarthose primitive est, tout comme pour la hanche, d’origine inconnue même si elle se développe parfois à la suite d’une dysplasie gléno-humérale.
L’omarthrose secondaire résulte :
- d’une rupture massive de la coiffe (omarthrose excentrée)
- d’une fracture ancienne ou récente (arthrose post traumatique)
- d’une maladie inflammatoire comme la polyarthrite rhumatoïde
- d’une ostéonécrose aseptique et avasculaire ou post traumatique
- d’une arthrite infectieuse ou métabolique
QUELS SONT LES OBJECTIFS DE L’ARTHROPLASTIE D’ÉPAULE ?
Le but de l’intervention est à la fois de soulager les douleurs liées à l’atteinte dégénérative ou traumatique de l’articulation gléno-humérale et de permettre la récupération fonctionnelle du bras.
Quand proposer une arthroplastie d’épaule ?
La prothèse totale d’épaule est proposée au patient lorsque le traitement médical de l’omarthrose est devenu inefficace. Ce traitement comprend au maximum trois injections de corticoïdes, des antalgiques de niveau 1, 2 ou 3 en fonction de l’intensité de la douleur, des AINS et une kinésithérapie dont le bénéfice est avant tout antalgique.
Le traitement médical est insuffisant lorsque le patient est handicapé tant par la douleur que par l’incapacité fonctionnelle associée. La douleur peut être permanente et insomniante.
Il n’existe pas de contre-indication liée à l’âge, il est possible d’opérer des personnes de plus de 85 ans.
QUELS EXAMENS RADIOLOGIQUES DEMANDER ?
Une radiographie standard des deux épaules de face permet de connaître l’état de dégradation de l’articulation. L’importance du pincement articulaire est le reflet du degré de destruction articulaire. L’absence de cartilage articulaire est une bonne indication à la prothèse dans l’année suivant l’examen lorsque le traitement médical est inefficace.
L’arthroscanner ou l’IRM permettent de visualiser les parties molles de l’épaule (tendons et muscles). Ces examens permettent de révéler une dégénérescence graisseuse ou une rupture associée de la coiffe des rotateurs et d’apprécier au mieux la qualité du stock osseux glénoïdien.
L’arthroscopie n’a aucune indication tant pour le diagnostic que pour le traitement.
L’INTERVENTION EN PRATIQUE (1)
L’intervention se déroule sous anesthésie générale et locorégionale. L’intervention dure une heure et ne nécessite pas de transfusion. Les suites opératoires sont indolores avec la mise en place systématique d’une PCA (pompe à morphine contrôlée par le patient) durant 48 heures. Le traitement antalgique à base de paracétamol est ensuite poursuivi per-os pendant une dizaine de jours à la demande. La rééducation post-opératoire débute le lendemain de l’intervention. La durée d’hospitalisation est de 3 à 4 jours. Le patient est revu après 1 mois, éventuellement à 2 mois puis au troisième mois et un an après l’intervention, puis régulièrement chaque année.
Quelles sont les indications des deux types de prothèses totales d’épaule ?
La prothèse d’épaule anatomique reproduit l’anatomie de l’épaule, la prothèse inversée (inventée et mise au point par Grammont) inverse les surfaces articulaires.
- La prothèse totale de type anatomique est indiquée lorsque la coiffe des rotateurs est compétente, tant pour assurer la stabilité articulaire que pour la récupération fonctionnelle.
- La prothèse totale de type inversé où la glène est située sur l’humérus et la tête de la prothèse sur l’omoplate est réservée aux arthropathies gléno-humérales associées à des lésions étendues et non réparables de la coiffe des rotateurs. Dans ce cas, la récupération fonctionnelle en flexion et abduction est possible grâce à la seule action du deltoïde.
- Dans les fractures comminutives et/ou très déplacées de l’extrémité supérieure de l’humérus chez les personnes âgées, la prothèse d’épaule trouve sa place dans environ 30 % des cas.
Les non indications
L’intervention de prothèse totale d’épaule n’est pas indiquée lorsque le traitement médical est efficace ou quand le handicap est peu sévère.
Les contre-indications
Le sujet jeune qui ne veut pas ménager son épaule (profession ou sport) après l’intervention est une contre-indication. Les atteintes neurologiques et en particuliers les paralysies du nerf circonflexe sont une contre-indication formelle de même que les infections évolutives.
RÉSULTATS
Le pourcentage de patients satisfaits sur le plan de la douleur dépasse 90 %. Sur le plan de la mobilité fonctionnelle, la prothèse qui réduit ou supprime le handicap, transforme la vie des patients : la grande majorité d’entre eux peut mener une vie normale et réaliser les gestes de la vie quotidienne : se laver, se maquiller, se coiffer, s’habiller, cuisiner, faire le ménage, soulever des objets, conduire, boire , manger… (2) Le taux de survie de la prothèse est de 96 % à 10 ans et 84 % à 20 ans pour les prothèses totales (critère d’échec = réintervention) (3,4) à condition que la mise en place soit réalisée par une équipe spécialisée dans cette intervention.
LA RÉÉDUCATION APRES L’INTERVENTION
La rééducation a pour but de rendre son autonomie fonctionnelle au patient. Le protocole de rééducation post-opératoire suit toujours la même chronologie : mobilisation passive immédiate, puis mobilisation active aidée et enfin utilisation du bras dans les activités de la vie quotidienne. Elle dure en moyenne 3 mois.
- Durant 1 mois après l’intervention, le bras opéré est placé dans une écharpe et ne doit pas être utilisé pour les activités de la vie quotidienne. Le patient doit être précisément informé des buts de la rééducation, des gestes qu’il peut effectuer et de ceux qui sont interdits. Elle suit un protocole rigoureux qui doit être scrupuleusement respecté dans la sérénité, sans être pressé, sans jamais forcer. Elle est douce et non douloureuse. Elle peut se faire sous la conduite d’un kinésithérapeute ou seul ou en centre spécialisé pendant deux semaines.
- La rééducation commence le lendemain de l’intervention (5, 6). Le premier temps a pour objectif la récupération de la mobilité, dans toutes les directions : vers l'avant (élévation antérieure), sur le côté (abduction), vers l'arrière (rétropulsion). La récupération de la force vient ensuite. Elle a pour objectif de récupérer une force aussi proche que possible de la normale.
- La rééducation par le patient lui même (auto-rééducation) est primordiale 3 à 4 fois par jour durant 5 à 10 minutes, « le kiné fait ce que le patient ne peut pas faire seul ».
La récupération en piscine chaude (34-35°) est idéale, les séances durent 20 à 30 minutes.
Le résultat fonctionnel optimal est obtenu au douzième mois.
- Après la rééducation tous les gestes de la vie courante sont possibles. Les activités sportives sont possibles hors compétition, mais les sports à risque, (avec chocs ou qui tirent sur la prothèse) ne doivent pas être pratiqués sous peine de complication. La conduite automobile est possible 2 à 3 mois après l’intervention, la natation 3 mois, le bricolage et jardinage 6 mois (7).
PRÉCAUTIONS, CONSEILS AUX PATIENTS
La rééducation est indispensable, elle compte pour 50 % dans la qualité du résultat fonctionnel post-opératoire.
Consulter immédiatement le spécialiste après l’opération :
- En cas d’apparition de douleurs au niveau de la zone opérée, d’un oedème (gonflement), de rougissements, de troubles de cicatrisation, de secrétions au niveau de la cicatrice ou en cas de fièvre inexplicable.
- Promener son chien avec le bras opposé à la prothèse
- Pour les chasseurs : le tir au fusil est possible après 6 mois.
- Toujours signaler à votre dentiste que vous avez une prothèse d’épaule
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