Dermatologie

LES TOXIDERMIES

Publié le 11/12/2015
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Elles désignent les effets cutanés des médicaments administrés par voie interne. Plus de 90% sont bénignes. Rares, les formes graves peuvent mettre en jeu le pronostic vital.

L'EXANTHÈME MACULO-PAPULEUX

Cette jeune femme de 25 ans consulte pour une éruption cutanée prurigineuse apparue depuis 48 heures . Elle n’a pas de terrain atopique. Traitée pour une angine/sinusite il y a 10 jours, elle a reçu de l’amoxicilline pendant 7 jours qu’elle a stoppée il y a 2 jours, ainsi que de la prednisolone pendant 3 jours. Elle rapporte la notion d’« allergie à la pénicilline » diagnostiquée dans l’enfance.

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Il s’agit d’un exanthème maculo-papuleux. C’est la forme la plus fréquente de toxidermie.
Son aspect clinique est souvent très polymorphe, associant des macules, des papules, par endroits urticariennes, de coloration rose-rouge, parfois purpuriques.
Ce polymorphisme lésionnel, l’absence d’éxanthème, le prurit s‘il existe, l’absence ou la discrétion de la fièvre sont en faveur d’une toxidermie plutôt que d’une éruption virale ou toxinique (à streptocoques, staphylocoques).
Ces éruptions surviennent en général 5 à 15 jours après le début du traitement inducteur mais des délais plus courts ou plus longs sont possibles. En cas de réintroduction, le délai est court : 2 à 3 jours après la 1re prise médicamenteuse, voire quelques heures.
La conduite à tenir immédiate repose sur l'arrêt en urgence du ou des médicaments(s) suspects. Les corticoïdes sont inutiles.
 

LE DRESS (DRUG RÉACTION EOSINOPHILIA SYSTEMIC SYMPTOMS)


Exceptionnel chez l’enfant, son début est brutal, 1 à 6 semaines après le début du médicament en cause. Le début est marqué par des symptômes peu spécifiques (fièvre, picotements oculaires, angine, éruption érythémateuse…) précédant de 1 à 3 jours les lésions cutanéo-muqueuses caractéristiques.

L’éruption est maculo-papuleuse étendue, parfois généralisée, débutant le plus souvent à la partie haute du corps. Le rash est intense, œdémateux notamment au niveau du visage, prurigineux. La fièvre est élevée, des adénopathies sont présentes.

Les médicaments le plus souvent en cause sont  la minocycline (désormais contre-indiqué dans le traitement de l’acné), les anti-convulsi-vants, les sulfamides et l’allopurinol. C’est l’atteinte viscérale qui fait la sévérité du pronostic : rénale, hépatique, pulmonaire, myocardique  Conduite à tenir immédiate : arrêt du médicament suspect, contact dermatologique en urgence, bilan biologique en urgence (hépatique notamment).










 

LE SYNDROME DE STEVENS-JOHNSON


Syndrome de Stevens-Johnson et maladie de Lyell sont des variantes d’une même maladie, ces syndromes se distinguent par l’étendue des décollements cutanés. Le signe de Nikolski est positif (décollement bulleux après une forte pression avec les doigts en peau apparemment saine).

Le début est marqué par des symptômes peu spécifiques (fièvre, picotements oculaires, angine, éruption érythémateuse…) précédant de 1 à 3 jours les lésions cutanéo-muqueuses caractéristiques. Le délai d’apparition entre la prise médicamenteuse et la réaction est en moyenne de 7 à 21 jours.

C’est une urgence dermatologique absolue grevée d’une mortalité importante.

D'après les communications des Drs Nathalie Bodak (SFD), Anne Bottet (CNGE), Patricia Senet (SFD) et Marc Bayen (CNGE)

Source : lequotidiendumedecin.fr