Cas clinique

L’herpangine

Publié le 31/10/2022
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L’herpangine est due à un entérovirus qui donne des manifestations oropharyngées : des lésions vésiculeuses sur fond érythémateux. L’évolution est, dans la quasi-totalité des cas, favorable suite à l’administration d’un traitement symptomatique.

Crédit photo : Dr Frances

Dong, 7 ans, consulte car, depuis 24 heures, il présente une hyperthermie et une douleur pharyngée importante.

Au cours de notre examen, nous objectivons :

- la présence d’une hyperthermie,

- l’existence au niveau du palais de différentes formations érythémato-maculeuses et érythémato-vésiculeuses.

En fait, en reprenant l’interrogatoire, nous apprenons que, dans la classe de cet enfant, d’autres écoliers présentent une symptomatologie similaire. Ces manifestations uniquement oropharyngées ont disparu en quelques jours avec un traitement symptomatique (paracétamol). Dans ce contexte, et compte tenu des différents éléments collectés, nous pouvons poser chez cet enfant le diagnostic d’herpangine.

INTRODUCTION

L’herpangine, tout comme le syndrome pieds-mains-bouche, est une affection due à des entérovirus de la famille des Picornaviridae. Dans cette famille, nous retrouvons quatre groupes de virus : les entérovirus (A, B, C, D), les poliovirus, les virus Coxsackie, qui sont également des entérovirus, et les échovirus. L’herpangine est due principalement à deux entérovirus (Coxsackie A et B), et parfois des entérovirus 71 ou des échovirus. L’herpangine touche plus souvent les jeunes enfants et les communautés d’enfants (école ou crèche).

Cette infection survient généralement à certaines périodes de l’année (été ou automne).

SYMPTOMATOLOGIE

Tout comme chez notre jeune patient, la première manifestation clinique objectivée est l’hyperthermie, qui apparaît le plus souvent très brutalement, et qui peut être chez le jeune enfant à l’origine de convulsions. On note par la suite des douleurs pharyngées qui peuvent être intenses, et sont à l’origine parfois d’une période d’anorexie.

Les manifestations oropharyngées

Elles permettent de poser le diagnostic, et surviennent en moyenne deux jours après l’hyperthermie parfois associée à une asthénie d’intensité variable.

Il s’agit de papules dont le nombre varie entre 4 et 5 le plus souvent (mais elles peuvent avoisiner dans certains cas les 30) et dont la couleur est grise au départ.
Leur taille est comprise entre 1 et 2 mm.

Secondairement, elles deviennent des vésicules dont la base est érythémateuse.
Leur localisation est caractéristique : elles sont situées au niveau de la partie antérieure des piliers de l’amygdale, au niveau du voile du palais, de la luette, des amygdales, et de la langue.

Une évolution de ces formations vésiculeuses peut s’effectuer secondairement en donnant des ulcérations plus ou moins importantes, mais rarement supérieures à 5 mm de diamètre.

Une résolution de ces manifestations oropharyngées est observée au bout d’une semaine.

Les autres manifestations cliniques

On peut également observer des manifestations digestives à type de dysphagie, mais aussi de nausées ou de vomissements. Par ailleurs, certaines complications, heureusement rares (elles sont dues aux entérovirus 71) peuvent être secondaires à cette virose : neurologiques (méningites, encéphalites, paralysies flasques) ou cardiologiques (choc cardiogénique).

Le diagnostic est avant tout clinique du fait d’une symptomatologie caractéristique.
Cependant, en cas de doute, ou chez le sujet ayant une immunodépression, il est possible d’isoler le virus sur un prélèvement ou de l’objectiver suite à la réalisation d’une PCR.

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL

Deux diagnostics différentiels doivent être évoqués :

- la gingivostomatite herpétique, avec des lésions vésiculeuses observées aux niveaux buccal et péri­buccal, et dans la plupart des cas diffuses. Par ailleurs, leur taille est importante,

- les aphtes, qui ne sont pas associés à une hyperthermie et sont souvent récurrents.

PRISE EN CHARGE

Le traitement est avant tout symptomatique avec réhydratation et prise d'antalgiques (paracétamol ou antalgiques plus puissants de classe 2 ou 3 en cas de douleur intense).

En ce qui concerne les soins buccaux, il est important de recourir aux bains de bouche pour soulager le patient et s’assurer en parallèle d’une excellente hygiène bucco-dentaire.

On évite par ailleurs les aliments acides ou salés qui peuvent majorer la douleur pharyngée.

Dr Pierre Francès (médecin généraliste à Banyuls-sur-Mer), Adam Merikhi (interne en médecine générale à Montpellier), Alexis Dalicier et Julie Aguilar (externes à Montpellier)

BIBLIOGRAPHIE
1. Mokni M, Dupin N, Del Guidice P. Dermatologie infectieuse. Ed. Elsevier Masson 2014.
2. Mancini AJ, Krowchuk DP. Dermatologie de l’enfant. Ed. Elsevier Masson 2019.
3. Mallory S B, Bree A, Chern P. Dermatologie pédiatrique. Ed. Elsevier 2008.


Source : Le Généraliste