« Au moins aussi mal » : voilà les conclusions du BEH (1) concernant l’HTA en France. Pour parvenir à ce triste résultat, les chercheurs ont étudié la cohorte Esteban, échantillon représentatif de 2169 Français de 18 à 74 ans dont la pression artérielle a été mesurée au moins 2 fois entre 2014 et 2016.
→ Dans l’étude, l’HTA était une PAS ≥ 140 mmHg et/ou une PAD ≥ 90 mmHg, avec un remboursement d’au moins un traitement anti-HTA dans les 12 mois précédents. Ainsi définie, l’HTA concerne 36 % des hommes et 25 % des femmes. Seuls 55 % des hypertendus le savent (63 % chez elles, 50 % chez eux), et près de 15 % des personnes traitées ne déclarent pas d’HTA connue ! Parmi les hypertendus, moins de la moitié reçoit un traitement médicamenteux et parmi eux, seulement 55 % ont une PA < 140/90 (45 % chez les hommes, 66 % chez les femmes). Le plus mauvais contrôle concerne les hommes de 65-74 ans, parmi lesquels seul 1 sur 3 a une pression artérielle à l’objectif.
→ Les chercheurs ont comparé cette cohorte avec celle de l’étude nationale nutrition santé (ENNS) de 2006. À l’époque, sur un échantillon similaire, moins du quart des hypertendus étaient à la fois dépistés, traités et contrôlés.
→ Depuis, aucune diminution de la prévalence de l’HTA n’a été observée en France, contrairement à l’ensemble des pays développés (- 2,6 %). Si la situation semble stable chez les hommes pour plusieurs variables (prévalence, PAS moyenne, HTA traitée, HTA contrôlée), elle apparaît beaucoup plus défavorable chez les femmes, avec une augmentation depuis 10 ans du niveau moyen de la PAS, possiblement en lien avec une augmentation de la corpulence (+ 20 % de prévalence du surpoids/obésité), couplée à une diminution du niveau d’activité physique quotidien. La diminution très significative de l’HTA “connue et traitée” était totalement imputable aux femmes, chez lesquelles la proportion d’hypertendues “connues traitées” est passée de 86,6 % dans ENNS à 70,7 % dans Esteban. La proportion d’hypertendues “traitées et contrôlées” a ainsi mécaniquement diminué entre 2006 (36,1 % des hypertendues) et 2015 (29,5 % des hypertendues). Dans les 2 sexes, la diffusion – en 2013 – des nouvelles recommandations françaises et européennes de prise en charge de l’HTA n’a pas été suivie d’une amélioration du contrôle des chiffres tensionnels.
→ Quels messages pour la pratique clinique ? Augmenter le dépistage, l’instauration du traitement médicamenteux et lutter contre l’inertie thérapeutique lorsque le contrôle n’est pas obtenu. Côté recherche, le profil des hypertendues non traitées devra être compris. L’enjeu est immense : rappelons que la mortalité cardiovasculaire double pour chaque augmentation de 20 mmHg de PAS / 10 mmHg de PAD. À l’inverse, une réduction de 2 mmHg s’accompagne d’une diminution du risque de mortalité par coronaropathie et accident vasculaire cérébral de respectivement 7 % et 10 %.
1- Santé Publique France. Perrine AL, Lecoffre C, Blacher J, Olié V. L’hypertension artérielle en France : prévalence, traitement et contrôle en 2015 et évolutions depuis 2006. Bull Epidémiol Hebd. 2018;(10):170-9. Disponible sur http://invs.santepubliquefrance.fr/beh/2018/10/2018_10_1.html
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