L’INFECTION A KINGELLA KINGAE EN CRÈCHE

Publié le 16/11/2018
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Creche

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Crédit photo : BURGER/PHANIE

Le Haut conseil de santé publique (HCSP) rappelle que les infections ostéo-articulaires (IOA) chez les enfants âgés de 6 mois à 4 ans sont principalement causées par la bactérie Kingella kingae. Dix épidémies ont été recensées en crèche en France entre 2011 et 2017. Il y a une saisonnalité de l’infection au printemps et en automne, souvent en association avec d’autres viroses dont le syndrome pied-main-bouche.

Une douleur, une impotence fonctionnelle ou un œdème articulaire chez un enfant âgé de 6 mois à 4 ans, en l’absence de lésion traumatique, doit faire évoquer une IOA à K. kingae, même en l'absence de fièvre ou de syndrome inflammatoire franc. Un genou inflammatoire et douloureux est particulièrement évocateur. Une IRM est indiquée si elle ne retarde pas la prise en charge. Il est conseillé de faire une ponction articulaire avec la recherche de K. kingae.  

→ Le diagnostic microbiologique est difficile. La recherche de ce germe doit être spécifiée auprès du laboratoire de bactériologie, qui traite le prélèvement ostéo-articulaire avec la nécessité de rechercher le génome de K. kingae par PCR.
Dans les cas où aucun prélèvement ostéo-articulaire ne peut être fait, un traitement probabiliste est proposé, visant les principaux germes en cause dans les IOA de l’enfant de cet âge (K. kingae, Staphylococcus aureus, Streptococcus pyogenes) en l’absence de facteur de risque d’autres germes, et chez les enfants vaccinés contre le pneumocoque et l’Haemophilus influenzae B.

→ Lorsque K. kingae est authentifiée, le traitement repose sur l’amoxicilline, initialement par voie parentérale, du fait de la constante sensibilité du germe à cet antibiotique. Un relais oral s’effectue avec la même molécule dès l’amélioration clinique et la baisse des paramètres inflammatoires. L’évolution de ces infections est habituellement bonne, sans séquelle.

→ En pratique, pas de prélèvement oropharyngé systématique chez les autres enfants ou le personnel de la crèche, pas d’antibioprophylaxie ni de fermeture d’établissement. Il n’y a pas de mesure particulière à prendre pour la fratrie d’un enfant ayant une infection à K. kingae, en-dehors de la surveillance d’un état infectieux latent.

→ Dès que deux cas surviennent en un mois, ce qui correspond aux “cas groupés”, il faut les signaler au médecin de l’établissement ou de PMI ainsi qu’à l’Agence régionale de santé. Une information sur la maladie et son contexte doit être communiquée au personnel de la crèche et aux parents des enfants. Les mesures d’hygiène au sein de la collectivité sont à renforcer. Si un enfant de la crèche présente une cardiopathie valvulaire ou congénitale, une antibioprophylaxie préventive de l’endocardite peut être envisagée pour réduire un éventuel portage, accompagnée de son retrait de la collectivité pour 30 jours. Cette éventualité doit s’apprécier au cas par cas, car le niveau de preuve est faible et les recommandations peuvent évoluer.  

1- Infections invasives à Kingella kingae. Gestion de cas groupés en collectivités d’enfants. www.hcsp.fr

Dr Muriel Gevrey

Source : lequotidiendumedecin.fr