Philippe, 71 ans, consulte en raison d’urgences mictionnelles diurnes et nocturnes existantes depuis un an, qui se majorent depuis un mois. Ce patient est suivi par un confrère qui, alerté par cette symptomatologie, avait prescrit une échographie des voies urinaires montrant une hypertrophie prostatique (30 g) (cliché 1). L’examen clinique réalisé ce jour objective un léger tremblement de repos, une rigidité de type extrapyramidale (roue dentée) et une hypomimie. Compte tenu de ces éléments, nous posons le diagnostic de maladie de Parkinson. Les manifestations d’urgenturie (s’observant parfois dans une hypertrophie prostatique) peuvent aussi être secondaires à une atteinte du système nerveux autonome, trouble non moteur observable dans le cadre d’une maladie de Parkinson.
INTRODUCTION
La maladie de Parkinson est l’origine la plus fréquente du syndrome parkinsonien. Sa prévalence est comprise entre 2 et 2,5 cas pour 1 000 patients. Le plus souvent, on l’observe chez des patients ayant plus de 60 ans.
Cliniquement, la triade parkinsonienne (unilatérale et asymétrique) est l’élément clé permettant le diagnostic. Elle associe : tremblement de repos, rigidité plastique, akinésie ou bradykinésie. À côté de ces symptômes, des troubles non moteurs apparaissent parfois bien avant la triade parkinsonienne.
Parmi ces différentes manifestations non motrices : les troubles neuropsychiques, les symptômes neurosensoriels, les troubles du sommeil et la dysautonomie (atteinte du système nerveux autonome).
ATTEINTE DU SYSTÈME NERVEUX AUTONOME
Les problèmes digestifs
→ La constipation est induite par la maladie (lenteur du transit, dysfonction anorectale qui induit une difficulté de défécation) ou le traitement. Elle concerne près de 60 % des patients parkinsoniens versus 20 à 30 % des sujets sans cette pathologie. Elle est prise en charge par des mesures diététiques, des exercices physiques (marche) et le recours parfois à des laxatifs.
→ La dysphagie est observée chez près d’un patient sur deux, le plus souvent à un stade évolué de la maladie. Elle induit des fausses routes et parfois des pneumopathies d’inhalation. Pour les éviter, il est nécessaire de donner une alimentation solide ou semi-liquide et de recommander une rééducation orthophonique.
→ La gastroparésie (mauvaise vidange gastrique) peut conduire à une dyspepsie, et être responsable d’une perte de poids du fait d’une satiété précoce. Pour améliorer la gastroparésie, on peut administrer des traitements prokinétiques (dompéridone notamment).
L’hypersialorrhée
Elle est secondaire à une anomalie de la déglutition de la salive, mais aussi à un problème de sécrétion salivaire. Elle touche près de 70 % des patients parkinsoniens. Pour y remédier, il est possible d’administrer de la scopolamine. En cas d’inefficacité, on peut recourir à la toxine botulinique.
Les problèmes urologiques
→ Les troubles vésicaux sphinctériens sont le plus souvent des nycturies (60 % des cas), des urgences mictionnelles (40 %), et des pollakiuries (20 %). Ils sont le plus souvent liés à une hyperactivité du détrusor, et peuvent être pris en charge (après bilan urodynamique) grâce à des médicaments anticholinergiques (oxybutynine, par exemple).
→ La dysfonction érectile touche près de 60 % des parkinsoniens. L’origine est multifactorielle (asthénie, troubles moteurs ou traitements), et la prise en charge repose sur l’administration d’inhibiteurs de la 5-phospodiestérase, ou dans les cas plus importants sur des injections intracaverneuses d’alprostadil.
Chez les femmes, il peut exister une réduction de la libido, une dyspareunie ou un vaginisme : symptômes souvent sous-estimés et difficilement pris en charge par les cliniciens.
L’hyperhidrose
Elle est fréquente, notamment lors des fluctuations motrices. Pour la limiter, on peut recourir aux β-bloquants ou aux anticholinergiques.
L’hypotension orthostatique
Sa prévalence avoisine 20 % des patients. Si elle est associée à des symptômes moteurs, il faut penser à une atrophie multisystème. Deux origines sont classiquement retrouvées : une atteinte précoce du système nerveux autonome cardiaque et vasculaire, une origine iatrogène (médicaments dopaminergiques).
La prise en charge repose sur la contention et l’administration de fludrocortisone ou de midodrine.
Bibliographie
1. Wicki B, Benninger D. Actualité de la maladie de Parkinson. Revue Médicale Suisse 2018 ; 14 : 870-874.
2. Pfeiffer RF. Gastrointestinal dysfunction in Parkinson’s disease. Lancet Neurology 2003 ; 2 : 107-116.
3. Côté M. Complications non motrices de la maladie de Parkinson. Québec Pharmacie 2008 ; 55 (1) : 11-18.
4. Mukherjee A, Biswas A, Kumar Das S. Gut dysfunction in Parkinson’s disease. World Journal of Gastroenterology 2016 ; 22 : 5742-5752.
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