Rhumatologie

Pas « une » mais « des » arthroses

Publié le 17/02/2017
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Maladie articulaire la plus fréquente, touchant plus d’une personne sur deux après 60 ans, l’arthrose peut être source d’un handicap fonctionnel important, variable selon les localisations.

 

J'EXPLIQUE

L’arthrose est caractérisée par une dégénérescence du cartilage articulaire liée à un déséquilibre entre synthèse et dégradation de la matrice cartilagineuse entraînant inflammation synoviale, amincissement du cartilage et remaniement de l’os sous-chondral.

On distingue l’arthrose localisée à une articulation, en générale portante et l’arthrose diffuse qui peut être considérée comme une maladie systémique.

 

JE MONTRE


 

J'INFORME

Plusieurs facteurs de risque sont connus pour favoriser le développement ou l’aggravation d’une arthrose :

- l’âge ;

- les antécédents familiaux soulignant la participation de facteurs génétiques ;

- le surpoids qui joue un rôle mécanique d’aggravation de l’arthrose des membres inférieurs mais aussi un rôle métabolique dans l’arthrose diffuse ;

- les facteurs de surmenage mécaniques et exogènes tels que la profession, les traumatismes, la chirurgie, les troubles d’axe ;

- les facteurs hormonaux, la maladie étant plus fréquente chez les femmes, surtout après la ménopause.

 

JE PRESCRIS

Le traitement médical est toujours indiqué chez le patient arthrosique.

Pour la hanche : port d’une canne du côté opposé, rééducation douce, antalgiques simples, pratique du vélo et de la natation, postures au lit en extension pour éviter le flexum, lutte contre le surpoids, éviter le port de charge, les stations debout prolongées, s’asseoir sur des sièges hauts, maintien d’une activité physique compatible avec les douleurs.

Pour le genou, des mesures analogues restent conseillées. Les traitements anti-arthrosiques d’action lente, comme la chondroïtine sulfate ou la glucosamine ont démontré leur efficacité mais ne sont plus remboursés. Les infiltrations de corticoïdes peuvent être réalisées en cas de poussées hydarthrodiales. Quand le genou est sec, il vaut mieux réaliser des visco-supplémentations. Chez les sujets âgés non opérables ayant une arthrose évoluée, des orthèses (genouillères) articulées de grand appareillage peuvent être utiles.

La chirurgie de la hanche et du genou peut être préventive (correction de troubles statiques) ou curative (prothèses). La morbidité péri-opératoire est significativement plus importante pour le genou (infections, thromboses...)

L’arthrose des mains est particulièrement fréquente (1/3 des adultes de plus de 65 ans) et est souvent associée à d’autres localisations arthrosiques. Les anti-arthrosiques d’action lente restent conseillés. Les soins d’ergothérapie sont particulièrement efficaces mais ne peuvent être pratiqués qu’en milieu hospitalier. Des orthèses sont indiquées pour stabiliser la colonne du pouce dans la rhizarthrose ou pour éviter l’aggravation de la déformation des doigts longs (tuiles). Les cures thermales représentent une des meilleures indications thérapeutiques dans cette localisation arthrosique.

Les autres localisations arthrosiques sont rares (épaule, coude, cheville) et devront faire rechercher une lésion tendineuse responsable (entorse, rupture de la coiffe des rotateurs).

 

J'ALERTE

La lutte contre le surpoids est un objectif essentiel du traitement médical de l’arthrose. L’obésité aggrave l’arthrose des articulations des membres inférieurs mais joue aussi un rôle dans la maladie arthrosique en général par l’intermédiaire d’adipokines (cytokines pro-inflammatoires secrétées par le tissu adipeux).

En dehors d’un contexte traumatique ou sportif chez le sujet jeune avec blocage du genou, il est contre-indiqué de réaliser une méniscectomie chez le sujet plus âgé arthrosique, au risque d’aggraver la gonarthrose.

Devant une arthrose du genou, un défaut d’axe doit être recherché et mesuré (genu varum, genu valgum) car des interventions de corrections (ostéotomies) peuvent être tentées chez des sujets jeunes ayant une gonarthrose débutante.

Devant toute coxarthrose, il faut également rechercher un vice architectural (dysplasie), surtout chez le sujet jeune, car des interventions chirurgicales correctrices peuvent retarder significativement la mise en place d’une prothèse totale de la hanche.

 

JE RENVOIE SUR LE WEB

Arthrose en 100 questions : http://rhumatismes.net/index.php?p=3&id_bro=9&rub=les100q

Dr Eric Thomas (service de rhumatologie, CHU Montpellier)

Source : lequotidiendumedecin.fr