Dermatologie

Pas une, mais des rosacées

Publié le 10/03/2017
Article réservé aux abonnés

Touchant plus souvent les femmes à la peau claire autour de la périménopause, cette anomalie de la face d'origine vasculaire a un retentissement important sur la qualité de vie.

J’EXPLIQUE

La rosacée, anciennement dénommée « acné rosacée », est une pathologie dermatologique d’origine vasculaire. Elle n’a rien à voir avec l’acné des adolescents.

• Elle se présente sous trois formes cliniques :

- La forme vasculaire, qui comprend le stade des flush, de l’érythrose, et de l’érythro- couperose, est la plus fréquente. L'atteinte se concentre sur les joues, le nez et le milieu du front, en épargnant le pourtour des yeux et celui de la bouche. Il s’agit de petits vaisseaux très fins, rouges ou plus importants, violacés correspondant aux télangiectasies.

- La forme papulo-pustuleuse correspond à la présence de lésions papulo-pustuleuses sur les joues, le nez et le front siégeant sur un fond érythro-couperosique. Contrairement à l’acné, il ne s’y associe ni comédon ni microkyste. Une colonisation accrue par Demodex folliculorum, parasite qui héberge des bactéries ayant un rôle pro-inflammatoire propre, est parfois mise en évidence si une biopsie est réalisée. 

- La forme hypertrophique : se manifeste principalement chez l’homme par un rhinophyma (aspect boursoufflé de la pointe du nez, avec un épaississement de la peau et des pores dilatés). Cet aspect est associé  à tort à une consommation excessive d’alcool.

JE MONTRE

J’INFORME

• Elle affecte préférentiellement les peaux claires et la femme en péri-ménopause.

• Il est préférable d’éviter le thé, le café, le tabac, l'alcool, les épices, le changement brusque de température, l'exercice physique intense et toute situation provoquant une vasodilatation brutale.

• La rosacée n’est pas de l’eczéma et elle ne doit pas être traitée par corticothérapie locale dont elle constitue une contre-indication.

• Les règles d’hygiène dermatologiques quotidiennes sont importantes : nettoyage de la peau avec des dermo-cosmétiques fluides pour ne pas irriter la peau. Appliquer des crèmes protectrices contre le froid et le soleil.

• Utiliser un maquillage adapté et/ou masquants en évitant les poudres et les fonds de teint gras.

JE PRESCRIS

• Pour les formes vasculaires : les conseils hygiéno-diététiques et le laser vasculaire sont au premier plan. Le traitement par laser permet d'atténuer la composante purement vasculaire et les télangiectasies. Trois à quatre séances sont à effectuer en dehors des périodes ensoleillées. Le gel de tartrate de brimonidine, non remboursé, peut être prescrit à raison d’une application par jour avec un effet suspensif sur l’érythrose.

• La forme papulo-pustuleuse se traite par l’association d’un traitement topique à un traitement général pendant 3 mois, puis le traitement local seul permet de maintenir le résultat obtenu. Le traitement général sera repris sous la forme de cure de 3 mois, selon les poussées évolutives.

- En première intention, le métronidazole à 0,75 % topique est à appliquer en fine couche de gel ou de crème sur les zones affectées après les avoir nettoyées, rincées puis soigneusement séchées matin et soir pendant 3 mois.

- L'acide azélaïque topique à 15 % a une action anti-inflammatoire; il n'est pas pris en charge par l’Assurance maladie et n'est souvent utilisé qu'en cas d'échec d'un premier traitement.

- La doxycycline s’utilise par voie orale à la dose de 100 milligrammes par jour est souvent utilisée en première intention pendant 3 mois en association avec un traitement local.

- Récemment, une crème à l’ivermectine a été mise sur le marché pour le traitement local de ces formes papulo-pustuleuses. Elle n’est pas remboursée.

• Pour le rhinophyma, la chirurgie (décortication) peut-être utile lorsque l'épaississement de la peau du nez est trop important.

J’ALERTE

• Il s'agit d'une pathologie chronique qui évolue par poussées.

• Le traitement, suspensif et non curatif, est à adapter à l’évolution de la rosacée.

• Une consultation est à prévoir un à 3 mois après le début du traitement pour évaluer l’efficacité thérapeutique.

• L'efficacité du traitement est jugée sur la disparition des papulo-pustules, en général en quelques semaines. Le traitement local permet d'espacer les poussées, mais souvent, il est nécessaire de reprendre les antibiotiques en cure courte tous les ans.

JE RENVOIE SUR LE WEB

Dermato-info

Dr Muriel Gevrey

Source : lequotidiendumedecin.fr