De nos jours, même si les mamans utilisent de plus en plus souvent un lait de croissance, certaines abandonnent prématurément les laits infantiles pour le lait de vache. Quid alors de la comparaison lait de croissance versus lait de vache ?
Ces laits, également appelés "laits pour enfant en bas âge", sont destinés aux enfants à partir de 10-12 mois jusqu'à l'âge de 3 ans, voire au delà. En l'absence de réglementation spécifique, la plupart des fabricants s'alignent sur les directives européennes régissant la composition des laits 2ème âge ou laits de suite (de 4-6 mois jusqu'à 10-12 mois). Tout en respectant les fourchettes de critères recommandés, cette composition varie d'une marque à l'autre. Le but de ces laits est de pallier aux éventuels inconvénients de la diversification alimentaire tout en assurant l’apport calcique.
La question des protéines
Une fois la diversification alimentaire effectuée, les laits ou préparations 1er âge sont généralement abandonnés. Ainsi, le passage au lait 2ème âge est possible lorsque au moins 25 % de l'alimentation est non lactée ; à partir de 50 %, le relais est pris par les laits de croissance. En pratique on conseille d'utiliser le lait de croissance jusqu'à l'age de 3 ans, à raison de 500 ml par jour (1). A l'âge de 1 an, l'alimentation de l'enfant étant déjà diversifiée, elle comporte généralement des laitages à base de lait de vache, et est globalement excédentaire en protéines (souvent 3 à 5 fois les apports recommandés). "La richesse du lait de vache en protéines, environ 33 g/l, est contrebalancée par une teneur en protéines moindre dans les laits de croissance, ceux-ci en contenant en moyenne entre 22 et 25 g/l", explique le Dr Chouraqui.
Les acides gras essentiels
-› L'alimentation de l'enfant, si elle comporte bien des graisses saturées, manque souvent d'acides gras insaturés et polyinsaturés. Pour pallier ce déséquilibre de répartition entre les différents acides gras, les lipides des laits de croissance sont en grande partie d'origine végétale. "Une quantité journalière de 500 ml de lait de croissance couvre environ 80 % des besoins de l'enfant en acides gras essentiels, acide linoléique pour la famille des oméga-6, acide linolénique pour celle des oméga-3. Le lait de vache quant à lui en est presque dépourvu". Ces acides gras sont les précurseurs des acides gras polyinsaturés à longue chaîne (AGPI-LC) - acide arachidonique (ARA) et acide docosahexaénoïque (DHA). Les effets bénéfiques d'une supplémentation du lait en AGPI-LC sur le développement neurologique et l'acuité visuelle sont admis chez le prématuré (2). Un récent avis de l'Afssa (3) mentionne qu'un apport nutritionnel "de 70 mg par jour de DHA, pour le nourrisson de plus de 6 mois et l’enfant en bas âge, doit permettre d’assurer la continuité de l’accumulation de cet AGPI dans les membranes cérébrales". "Pour l'heure, certains laits 1er âge et les laits destinés aux prématurés sont bien enrichis en ARA et DHA, mais aucun lait de croissance supplémenté en AGPI-LC n'est commercialisé à ma connaissance ", ajoute le Dr Chouraqui.
-› "Les laits de croissance sont des laits entiers, et il n'est pas recommandé de passer un enfant au lait demi-écrémé avant l'âge de 3 ans, sauf dans les rares cas de rebond d'adiposité très précoce (avant 3 ans). Avec du lait demi écrémé, l'enfant risque de se trouver en dette calorique, qui aura toutes les chances d'être compensée par un excès en glucides ou en acides gras trans ou saturés, avec le risque inhérent de troubles métaboliques à long terme".
Attention à la carence en fer
-› Le lait de croissance représente surtout un vecteur pour les minéraux et vitamines, présents en quantité insuffisante dans l'alimentation des enfants. "A l'heure actuelle, la plupart des enfants ont une tendance à la carence martiale, même lorsque l'alimentation est équilibrée. Le fait n'est pas nouveau, mais les conséquences de la carence en fer – augmentation de la fréquence des infections, retard scolaire, réductions des capacités cognitives d'adaptation - ont été longtemps méconnues. De nombreuses études ont montré que la supplémentation en fer des laits infantiles pallie cet état de fait. La consommation de 500 ml par jour d'un lait de croissance couvre environ 50 % des besoins en fer de l'enfant, le lait de vache étant à cet égard, avec 8 %, très loin derrière".
-› Outre le fer, les laits de croissance contiennent également du zinc, du calcium bien sûr, et de la vitamine D. Mais la supplémentation en vitamine D sous forme de gouttes ou d’ampoules reste nécessaire. Le lait en effet n'en apporte pas suffisamment pour assurer la minéralisation osseuse : 400 UI/ litre, soit 200 UI/ 500 ml, pour des besoins de 400 à 600 UI/j en hiver et de 200 UI/j en été.
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