PRESCRIRE UN RÉGIME PAUVRE EN « FODMAPs »

Publié le 20/01/2017
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FODMAPS

FODMAPS
Crédit photo : PHANIE

« FODMAPs » est un acronyme anglais pour « Fermentable Oligo-, Di- , Mono-saccharides and Polyols ».

Cet acronyme regroupe des hydrates de carbone à chaîne courte, de plus en plus présents dans l’alimentation. Ces glucides qui ont la particularité d’être lentement absorbés dans le grêle en raison d’un mode de transport différent de celui du glucose sont aussi qualifiés de « glucides indigestes ». En stagnant dans la lumière intestinale, leur fort pouvoir osmotique provoque un afflux d'eau. Ils servent aussi de substrats à la fermentation bactérienne colique avec une production accrue de gaz (hydrogène

et méthane notamment) qui aggravent la distension et d’acides gras volatils, qui abaissent le

pH luminal colique, notamment dans le côlon droit. Des travaux récents suggèrent que la

consommation de ces FODMAPs en grande quantité peut modifier la composition du

microbiote intestinal et favoriser la dysbiose. L’intérêt clinique d’un régime strictement appauvri en FODMAPs a été suggéré dans certains troubles fonctionnels intestinaux, notamment le syndrome de l’intestin irritable (SII) mais aussi le ballonnement abdominal fonctionnel. Une fiche du SNFGE apporte un éclairage pratique sur ce régime (1).

 

 

> Les sources alimentaires de FODMAPs sont :

- les fructo-oligosaccharides (ou fructanes) présents dans le blé, le seigle, l’oignon, l’ail, l’artichaut

- les galacto-oligosaccharides typiquement présents dans les légumineuses

- le lactose, dans le lait

- le fructose retrouvé dans le miel, la pomme, la poire, le melon, la mangue, les sodas, les « corn syrup »

- le sorbitol dans la pomme, la poire, les fruits à noyau, la menthe et les gommes sans sucre

- le mannitol dans le champignon, le chou-fleur, la menthe et les confiseries sans sucre

 

> Plusieurs études comportant une période d’exclusion puis de réintroduction en simple aveugle montrent l’efficacité d’un tel régime pour soulager les symptômes du SII, notamment sur l’inconfort ou le ballonnement. Ainsi, l’intérêt de ce régime se discute pour traiter les ballonnements.

 

> Les recommandations nord-américaines ou australiennes intègrent désormais ce régime

parmi les options thérapeutiques quasiment de 1ère intention. La démonstration de son efficacité en première intention n’a pas été obtenue en France, où les conditions d’alimentation sont différentes de celles observées en Amérique du Nord et en Australie. De plus, il n’est pas établi que ce régime appauvri en FODMAPs fasse mieux que les conseils diététiques d’alimentation équilibrée avec une teneur réduite en graisses.

 

> En pratique, il est conseillé d’éliminer au maximum les FODMAPS pendant 3 à 4 semaines, de juger l’effet symptomatique de cette réduction puis d’essayer de les réintroduire

progressivement pour déterminer la dose tolérable par le patient. Le régime strict, très restrictif, est souvent quasi impossible à suivre au delà de ce délai. Les études prospectives ont révélé que si 75 % des malades adhéraient au régime, seulement 12.2 % le suivaient en permanence. L’aide d’une diététicienne peut être utile pour aider à la compliance.

 

1- Ducrotté Philippe. Régime pauvre en sucres fermentescibles les « FODMAPs ». Conseil de pratique. SNFGE. Juin 2016.

 

Dr Linda Sitruk

Source : lequotidiendumedecin.fr