La France dispose actuellement d'un programme de prévention axé sur le dépistage précoce des lésions carieuses et leur traitement par un chirurgien-dentiste. Ce dépistage repose sur l’examen bucco-dentaire des enfants de 6 et 12 ans, que l’Assurance-maladie a étendu aux enfants de 9, 15 et 18 ans. Des recommandations visant à développer des stratégies de prévention primaire de la carie dentaire, afin de compléter et renforcer le dispositif existant, ont été récemment proposées par la HAS.
LA CARIE DENTAIRE EN FRANCE
Les déterminants du processus carieux sont certes comportementaux – brossage des dents, utilisation du fluor, habitudes alimentaires -, mais reposent également sur les conditions d'accès aux soins.
Pour les individus de tous âges, la situation socio-économique défavorisée est toujours associée à des scores d’indices carieux (mesure du nombre de dents cariées, absentes pour carie et obturées en denture permanente) plus élevés. En France, aucune donnée n'est disponible concernant la prévalence de la carie dentaire chez les enfants de moins de 3 ans. Chez les 4-5 ans, 20 à 30 % ont au moins une carie non soignée, les enfants scolarisés en ZEP ou en situation de précarité présentant des indices carieux et des signes de polycarie beaucoup plus importants que les autres enfants.
De 6 à 12 ans, on note une amélioration de l'état de santé bucco-dentaire, entre 1987 (indice carieux = 4,20) et 2006 (indice carieux = 1,23). Pour autant, les inégalités en termes de santé bucco-dentaire restent marquées, inégalités retrouvées chez les adolescents.
En ce qui concerne les adultes, les études disponibles montrent un indice carieux compris en 13 et 15, et une proportion d'adultes aces au moins une dent cariée à traiter comprise entre 33 et 50 %. Et toujours ce lien entre la présence de carie et la catégorie socioprofessionnelle ou la situation de précarité. Chez les personnes âgées les maladies parodontales et les besoins prothétiques s'ajoutent à la maladie carieuse.
CE QUE DIT LA HAS
Les topiques fluorés, dentifrices, bains de bouche, vernis, gel, sont des moyens efficaces de prévention de la carie en denture permanente chez les enfants et les adolescents. Idem pour le scellement des sillons des molaires permanentes chez les enfants et les adolescents, à base de résine. La supplémentation en fluor par voie orale (comprimés, gouttes) est réservée aux enfants présentant un risque carieux élevé de plus de 6 mois(1 ; 2).
?Au grand public, la HAS fait les recommandations suivantes :
- le brossage des dents doit être réalisé au minimum deux fois par jour avec un dentifrice fluoré (ensemble de la population) ;
- chez les enfants de moins de 6 ans, la teneur en fluor du dentifrice doit être adaptée à l’âge (inférieur ou égal à 500 ppm pour les enfants entre 0 et 3 ans, 500 ppm entre 3 et 6 ans) et le brossage des dents doit être réalisé par un adulte pour les enfants de 0 à 3 ans puis supervisé entre 3 à 6 ans ; à 3 ans, une séance de prévention bucco-dentaire est recommandée ; des conseils aux parents dans le but de prévenir la carie précoce de l’enfant sont résumés dans le document de synthèse des recommandations (1).
- la réduction de la fréquence des prises alimentaires entre les repas est recommandée (grignotage y compris boissons sucrées) ;
- tous les enfants et adolescents de 6, 9, 12, 15 et 18 ans sont encouragés à participer aux examens de prévention proposés dans le cadre du programme de prévention de l’Assurance-maladie (M’T dents).
Recommandations pour les professionnels de santé :
- chez les enfants à risque carieux élevé (enc. 1), les actes de prophylaxie les plus adaptés doivent être proposés : application de vernis fluoré ou de gel fluoré deux fois par an et scellement des sillons des premières et secondes molaires permanentes et leur réparation, si nécessaire en cas de persistance du risque carieux ;
- les professionnels de santé et les personnels intervenant particulièrement auprès des parents, adolescents, entourage des personnes âgées ou handicapées dépendantes, populations adultes en situation socio-économique défavorisée doivent dispenser des conseils d’éducation pour la santé bucco-dentaire.
Viennent ensuite des recommandations à destinations des décideurs publics, au nombre desquelles figure l’utilisation du sel iodé et fluoré plutôt que du sel non fluoré notamment dans les restaurations collectives, la généralisation de la substitution du sucre par un édulcorant dans les médicaments (sirops, pastilles), la prise en compte de la prévention de la carie chez les adultes en situation socio-économique défavorisée.
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