QUE PENSER DES TESTS DE LIBERATION DE L’INTERFERON GAMMA ? (7,10,11)

Publié le 29/11/2013
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Lors d’une infection par Mycobacterium tuberculosis, les lymphocytes T sécrètent des cytokines dont l’interféron g. Les tests de libération de l’interféron g ou IGRA cherchent à reproduire cette sécrétion des lymphocytes sériques en présence d’antigènes très spécifiques de cette mycobactérie afin de faire le diagnostic de l’infection tuberculeuse. Les antigènes utilisés sont absents des différentes souches de BCG et de la plupart des MNT. Ceci confère aux IGRAs une bien meilleure spécificité diagnostique. Deux tests sont accessibles en France (QuantiFERON®-TB Gold et T-SPOT-TB®). Ils ont démontré une meilleure spécificité par rapport à l’IDR à la tuberculine notamment chez les sujets vaccinés par le BCG et une plus grande sensibilité même dans la population VIH. Ils ont aussi l’avantage d’une mesure plus objective que celle de l’induration et d’une meilleure reproductibilité. Ils simplifient la procédure chez les sujets difficiles à convoquer. Ils pourraient remplacer le Tubertest™ dans certains cas comme le suggère le HCSP dans un avis du 1er juillet 2011 (enquête autour d’un cas sauf chez l’enfant de moins de 5 ans, dépistage de l’infection chez le patient VIH lors du bilan initial, avant la mise en route d’un traitement par anti-TNF alpha et chez les migrants originaires de pays d’endémie âgés de 5 à 15 ans) (11). De même, lors de la surveillance des personnels de santé, le HCSP propose de réaliser un test IGRA à l’embauche si le Tubertest™ est positif. Ces recommandations font écho à celles d’autres pays ou les IGRAs prennent la place ou sont associés aux tests tuberculiniques. Malgré un niveau de preuve qui progresse nettement, les données sur les IGRAs souffrent de manque de validation académique et l’enthousiasme doit être tempéré. Les recommandations restent donc prudentes à juste titre. Par ailleurs, la supériorité des IGRAs par rapport aux RCT pour le diagnostic de l’ITL chez l’enfant n’est pas acquise. Enfin, il faut rappeler que les IGRAs ne distinguent toujours pas infection ancienne et récente et restent peu pertinents dans le diagnostic de tuberculose-maladie même extrapulmonaire. Les considérations médicoéconomiques (tarif, remboursement, économie attendue sur les indications de chimioprophylaxie, encadrement de la prescription) seront prises en compte pour mieux définir leur place face aux tests tuberculiniques.


Source : Le Généraliste: 2662