Pédiatrie

QUID DE LA KINÉSITHÉRAPIE DANS LA BRONCHIOLITE ?

Publié le 11/05/2012
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L’affection respiratoire virale est généralement bénigne, spontanément résolutive en une dizaine de jours. La kinésithérapie dans cette indication est remise en cause.

Crédit photo : ©BURGER/PHANIE

Victor, 14 mois, né à terme, gardé par une assistante maternelle, se porte habituellement comme un charme. Sa maman, professeur des écoles, a téléphoné au médecin généraliste il y a trois jours, pour des symptômes de rhinopharyngite accompagnés d’une température 37,8°C. Il lui a conseillé des lavages du nez, l’administration de paracétamol, des apports hydriques suffisants et un suivi sur un ou deux jours. Aujourd’hui, Victor est encombré, il tousse et sa température reste supérieure à 37,5 °C. À l’examen, il n’y a pas d’amaigrissement, le rhume persiste et il existe des râles sibilants expiratoires ; les tympans sont normaux. Trois séances de kinésithérapie respiratoire lui sont prescrites, ainsi que la fragmentation de l’alimentation de manière à laisser le temps à l’enfant de reprendre sa respiration, une mesure quotidienne matinale de la température, et l’évaluation de la gêne respiratoire. Aucun antibiotique n’est indiqué dans l’immédiat et la mère, un peu étonnée du peu de médicaments prescrits, reste inquiète.

COMMENT ANALYSER CE CAS ?

La bronchiolite aiguë est une pathologie des voies respiratoires basses du nourrisson de un mois à deux ans, évoluant par épidémies hivernales, dont le principal vecteur est le virus respiratoire syncytial. Il s’agit d’une affection bénigne spontanément résolutive en 8 à 10 jours. Cet enfant, non prématuré, évolue dans un contexte psychosocial favorisé, a plus de six semaines, mange et boit correctement, n’a aucune pathologie sous jacente (cardiopathie, pathologie pulmonaire grave chronique) et n’est pas dyspnéique. L’inquiétude n’est donc pas de mise mais cette notion n’est pas facile à faire accepter par les parents. Si le médecin n’a pas cédé à la tentation de prescrire des bronchodilatateurs, des fluidifiants ou des antibiotiques, il a cédé à celle de prescrire des séances de kiné respiratoire probablement devant cette mère inquiète. De plus la surveillance par le kinésithérapeute pendant les trois jours suivants permettra de passer le cap des dix jours et d’arriver à la fin de l’épisode.

LA QUESTION DE LA KINÉSITHÉRAPIE RESPIRATOIRE

La kinésithérapie respiratoire dans les bronchiolites aiguës du nourrisson est largement prescrite et prônée dans les pays européens continentaux francophones qui privilégient les techniques expiratoires passives et lentes associées à la toux provoquée. Sa validation est en cours et mérite d’être poursuivie mais force est d’admettre que leur prescription permet avant tout une surveillance étroite par un professionnel de santé. Les Anglo-Saxons ne préconisent pas la kinésithérapie dans la bronchiolite (ils utilisent d’autres méthodes de kinésithérapie dont le rapport bénéfices/risques n’était pas satisfaisant).

Dr Marie-Anne Puel (maître de stage, MSU, Denis Diderot Paris 7. Courriel : mapuel@wanadoo.fr). Relecture : Dr Francis Abramovici (Unaformec et co-organisateur de la recommandation HAS).

Source : lequotidiendumedecin.fr