C’était en discussion, c’est désormais acté : la vaccination contre la coqueluche est recommandée à l’ensemble des femmes enceintes à partir du deuxième trimestre de grossesse. C’est ce qu’a annoncé ce 12 avril la Haute Autorité de santé (HAS) dans une nouvelle recommandation visant à mieux « protéger le nouveau-né ».
Une mesure introduite à Mayotte étendue au reste du territoire national
« Indiquée dès l'âge de deux mois, la vaccination des nourrissons (contre la coqueluche) procure une protection (vis-à-vis des formes graves de la maladie) qui reste cependant partielle jusqu'à l'âge de trois mois, ce qui laisse une fenêtre de contamination possible durant les premières semaines de vie de l'enfant », rappelle la HAS. Or l'infection respiratoire à Bordetella pertussis s’avérant potentiellement mortelle chez les plus jeunes enfants, il apparaît nécessaire de protéger les nouveau-nés durant cette période à risque.
Pour ce faire, une stratégie de cocooning était mise en place en France depuis 2014. Cependant, cette démarche qui consiste à vacciner l’entourage proche du nourrisson apparaît insuffisante. « Entre 2013 et 2021, 993 cas de coqueluche ont nécessité une hospitalisation chez les enfants de moins de 12 mois, dont 604 chez les moins de trois mois », déplore la HAS. En 2017-2018, une épidémie avait même émergé à Mayotte, provoquant le décès de deux nourrissons.
Dans ce contexte, la HAS avait déjà préconisé en mars 2018,la vaccination des femmes enceintes à Mayotte.
Protection passive du nourrisson par les anticorps de la mère
La mesure devrait désormais être étendue à toute la France, la HAS se prononçant aujourd'hui « en faveur de la vaccination de la femme enceinte sur l'ensemble du territoire », avec une recommandation « qui sera intégrée dans le calendrier vaccinal de 2022 ». Ainsi, l’autorité sanitaire préconise de vacciner contre la coqueluche toutes les Françaises enceintes « à partir du deuxième trimestre de grossesse, en privilégiant si possible la période entre 20 et 36 semaines d'aménorrhée ». Une injection à réaliser avec l’un ou l’autre des « vaccins non vivants tétravalents disponibles à ce jour en France », et à réitérer à chaque nouvelle grossesse.
En termes physiopathologiques, cette stratégie vaccinale permettrait de protéger le nouveau-né « grâce au passage transplacentaire des anticorps anticoquelucheux de la mère ». Et alors qu’une immunisation ancienne de la mère ne permettrait pas d'atteindre les titres d’anticorps requis pour protéger le nouveau-né, la vaccination pendant la grossesse provoquerait une production d’anticorps anticoquelucheux suffisante pour assurer la protection passive du nourrisson.
Un recul important
Sur le plan clinique et épidémiologique, cette démarche aurait fait ses preuves dans d’autres pays. « Les données en vie réelle recueillies depuis plus de 10 ans à l'étranger établissent une bonne efficacité de la vaccination de la femme enceinte pour protéger les nourrissons âgés de moins de trois mois », plaide la HAS. De fait, selon des statistiques colligées notamment Outre-Manche, la vaccination de la mère pendant la grossesse permettrait de réduire de près de 60 à plus de 80 % les hospitalisations pour coqueluche chez les nourrissons de moins de deux mois, voire de 95 % la mortalité par coqueluche chez les nourrissons de moins de 3 mois. Le tout, pour « un bon profil de tolérance » à la fois chez la femme enceinte, le fœtus et le nouveau-né.
Informer les femmes au plus tôt
Ainsi la HAS encourage-t-elle « tous les professionnels de santé qui prennent en charge les femmes enceintes à s'engager pleinement dans le programme de vaccination contre la coqueluche ». Autrement dit, l’instance invite à vacciner le plus de femmes enceintes possible.
Pour ce faire, elle incite à informer les patientes au plus tôt, préconisant par exemple qu’« une première information sur la vaccination soit donnée aux parents dès le début du suivi de la grossesse, idéalement lors des visites pré-conceptionnelles ».
La HAS recommande par ailleurs de faciliter en pratique la vaccination. « Les maternités et autres centres de soins prenant en charge des femmes enceintes doivent disposer de ces vaccins, pour qu'ils puissent être administrés à l'occasion d'un examen prévu dans le suivi de grossesse » ou en même temps que d’autres vaccins – à l’instar du vaccin antigrippal ou des vaccins contre le Covid-19.
Le cocooning encore d'actualité
Quoi qu’il en soit, cette nouvelle recommandation n’est pas synonyme d’abandon du cocooning. À commencer chez les femmes qui passeront entre les mailles du filet. « Si la mère n'a pas été vaccinée durant sa grossesse, et au moins un mois avant l'accouchement, la HAS recommande le maintien de la stratégie de cocooning », souligne la HAS. « Il est alors nécessaire de vacciner la mère en post-partum immédiat, avant la sortie de la maternité, et ce même si elle allaite. La vaccination de l'entourage du nouveau-né est également encouragée à sa naissance ou avant. »
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