Seuls 44 % des Français sont optimistes sur l'évolution de la santé en général (capacité du progrès à soigner de nombreuses maladies), ce qui fait d'eux les champions du pessimisme sur le vieux continent. C'est ce que révèle une étude présentée à Berlin par le groupe Stada, un des leaders mondiaux du générique. Menée au sein de neuf pays (Espagne, Italie, France, Serbie, Russie, Grande-Bretagne, Belgique, Pologne et Allemagne), l'enquête dessine un portrait-robot des connaissances, comportements et besoins de santé.
L'étude a testé les ressortissants sur leur compréhension du vocabulaire de santé, qui confine au jargon. Sur le terme de « générique », Espagnols, Italiens, Français et Belges se montrent les plus pertinents (avec plus de trois quarts de définitions justes). Si les probiotiques sont correctement cernés par deux tiers des Européens, la connaissance de la notion de biosimilaire est médiocre (19 %) et les Français sont particulièrement peu informés (12 % de bonnes réponses).
Les comportements ont été étudiés en cas de maladie bénigne. Lorsqu'ils ressentent les symptômes d'une pathologie sans gravité (mal d'estomac), les réflexes varient : chez les Français, 34 % savent déjà exactement quel médicament prendre (automédication), 22 % demandent conseil à leur pharmacien mais seuls 14 % ont le réflexe d'un rendez-vous médical immédiat. Les Allemands et les Polonais plébiscitent les remèdes « maison » (49 %), tandis que les Espagnols font le choix du médecin en première intention.
Pour se renseigner sur un nouveau médicament acheté en pharmacie, les comportements se distinguent également : quand les Russes se tournent volontiers vers Internet (37 %), la majorité des Italiens et des Espagnols réclament des explications systématiques aux officinaux. Les Français s'illustrent par des comportements divers : demande de conseil au pharmacien (37 %), pas de vigilance particulière (31 %), recherche sur la Toile (10 %)…
La médecine conventionnelle haut la main
Le niveau de confiance dans la médecine conventionnelle, pratiquée dans les cabinets ou les hôpitaux, reste élevé. Trois quarts des Espagnols et des Britanniques affichent leur confiance, contre deux tiers des Français, des Belges et des Italiens. Mais 21 % des patients de l'Hexagone s'intéressent aux médecines « complémentaires » (homéopathie, acupuncture), ce qui les situe dans la moyenne continentale. 9 % des Français déclarent perdre confiance dans la médecine conventionnelle et 6 % ne lui font plus confiance.
Quels sont les besoins prioritaires lors d'une consultation médicale ? Seuls 58 % des Français attendent du colloque singulier une explication très détaillée et compréhensible de ce qui ne va pas (ce besoin de pédagogie est plus marqué chez nos voisins) alors que les Français – davantage qu'ailleurs – mettent en avant d'autres priorités : exprimer son ressenti (44 %), obtenir de la considération pour sa situation personnelle globale (30 %), voire sortir de la consultation avec une prescription (31 %).
Inégale prévention
Concernant la prévention et le dépistage (face à quatre types de cancers), Français, Allemands, Italiens et Espagnols sont les plus sensibilisés à la nécessité d'examens périodiques. Dans ces pays, près de la moitié des patients veillent à les faire « régulièrement ». La tendance est inverse chez les Serbes ou les Russes qui délaissent la prévention et déclarent pour moitié aller chez le médecin « uniquement s'ils ont mal ».
L'usage des objets connectés de santé et de bien être se révèle inégal. Les Français se situent à la traîne puisque moins d'un tiers des patients les utilisent (ou envisagent de le faire) au quotidien contre déjà 50 % en Italie et 54 % en Espagne. Les Français s'illustrent par leur inquiétude vis-à-vis de l'exploitation des data (29 % ne font pas confiance). La télémédecine, remboursée dans l'Hexagone dans le cadre du parcours de soins, marque des points : un Français sur deux s'imagine être suivi à distance pour une pathologie mineure (dans la moyenne). Cette proportion grimpe à 69 % en Russie. Enfin, 60 % des Français ne voient pas d'objection à être opérés par un robot, une confiance qui les place au-dessus de la moyenne européenne.
* Étude réalisée en ligne par le groupe Kantar, en novembre et décembre 2018 auprès de 2 000 personnes adultes par pays (soit 18 000 questionnaires), en fonction de critères de représentativité (âge, genre, région).
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