Les derniers chiffres de Santé publique France et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) l’avaient laissé entendre, le gouvernement l’a confirmé par des données récentes : « le virus circule à nouveau, et il circule vite ». C’est ce qu’a reconnu le ministre de la Santé, Olivier Véran, lors de la conférence de presse donnée ce jeudi 25 novembre, au lendemain d’un conseil de défense.
De fait, la cinquième vague déferle sur l’Europe, redevenue l’épicentre de la pandémie avec près de 70 % des cas mondiaux recensés sur son territoire, a indiqué Jérôme Salomon lors de la conférence de presse.
Pas de nouveau confinement malgré l'accélération épidémique
Si bien qu’après les pays du Nord et de l’Est du continent, la France est également concernée. Dans l’Hexagone, l’incidence se serait déjà tant accrue sur tout le territoire métropolitain que le R effectif aurait atteint 1,6 (« ce qui se traduit par un doublement du nombre de personnes touchées tous les 11 jours », souligne Jérôme Salomon), que la barre des 36 000 nouveaux cas quotidiens correspondant au pic de la 4e vague aurait été passée lundi dernier, et que les hospitalisations seraient en « nette augmentation » et pourraient dépasser le pic de la dernière vague la semaine prochaine, énumère Jérôme Salomon.
Mais à l’heure où les restrictions font leur retour en Europe – l’Autriche ayant par exemple reconfiné sa population –, d’après Olivier Véran, « nous avons encore notre destin entre nos mains ». Pour le moment, le gouvernement n’a annoncé ni confinement, ni couvre-feu, ni fermeture de commerces, ni limitation des déplacements.
Le rappel élargi à toutes les personnes de plus de 18 ans
Pour passer la vague, les autorités semblent surtout miser sur le rappel. À compter de ce samedi, ce dernier sera en effet élargi, à tous les adultes âgés de 18 ans.
À l’origine de ce revirement : un avis de la HAS publié ce jeudi matin. Après avoir récemment envisagé un élargissement de la cible aux plus de 40 ans, l’instance préconise en effet de re-vacciner toute la population majeure. Et ce, devant des données scientifiques de vie réelle confirmant la sécurité et l’efficacité du rappel et surtout au regard du « contexte épidémique préoccupant ».
De plus, l’autorité sanitaire a considéré une modélisation encore non publiée de l’Institut Pasteur concernant l’impact du rappel dans différentes classes d’âge sur l’épidémie. Or, d’après ce travail, « la réduction du pic est de l'ordre de 20 % si le rappel est uniquement chez les personnes de 65 et plus, alors qu'il est de 40 % si la dose de rappel est élargie à toutes les personnes de 18 ans et plus ».
Rappel dès 5 mois après la vaccination ou une infection
En outre, alors que jusqu’à maintenant, le rappel pouvait être proposé à partir de 6 mois après la primo-vaccination, la HAS recommande désormais d’abaisser ce délai minimum à 5 mois. Une recommandation retenue par le ministère de la Santé.
Toujours en cause : la volonté d’accélérer la campagne de rappel face à la situation épidémiologique tendue, ainsi que la modélisation de l’Institut Pasteur. En faisant l’hypothèse que le rappel présenterait la même efficacité après 5 ou 6 mois et que 400 000 doses pourraient être distribuées par jour aux plus de 18 ans, ce travail prévoit en effet une « réduction de la taille du pic […] de 50 % et 39 % respectivement pour un délai de 5 et 6 mois ».
Évolution du passe sanitaire
À noter que le gouvernement soutient que suffisamment de doses sont disponibles pour vacciner les 25 millions de Français désormais éligibles au rappel (dont seuls six millions ont déjà reçu cette injection supplémentaire). D’après Olivier Véran, plus de 25 millions de vaccins à ARNm seraient actuellement stockés dans les établissements de santé et en ville. Par ailleurs, plus de 1 100 centres de vaccination sont recensés sur le territoire, et d’autres pourraient être rouverts.
Quoi qu’il en soit, l’élargissement du rappel amène des évolutions du passe sanitaire. Si à compter du 15 décembre, comme annoncé précédemment, le passe sanitaire ne sera plus actif pour les plus de 65 ans n’ayant pas reçu de rappel dans un délai de 7 mois après la primo-vaccination, ce sera également le cas pour les 18-64 ans à compter du 15 janvier.
Retour du masque et réduction de la durée de validité des tests
Quelques autres mesures complémentaires viennent par ailleurs soutenir les espoirs placés sur l’élargissement de la 3e dose. À l’instar d’initiatives censées motiver les réfractaires à la vaccination (médiateurs sanitaires et barnums dans les centres commerciaux), du masque qui fera dès demain son retour « partout en intérieur dans les lieux couverts par le passe sanitaire » (voire en extérieur, lors d’évènements tels que des marchés de Noël, sur décision des préfets), ou encore de la réduction de la durée de validité des tests PCR et antigéniques à 24 heures (contre 72 heures depuis la 4e vague, et 48 heures précédemment).
Le gouvernement semble par ailleurs attendre impatiemment l’arrivée du molnupiravir, prévue début décembre dans le pays. Selon Olivier Véran, les médecins généralistes devraient d’ailleurs recevoir des recommandations de prescription de cet antiviral actif par voie orale et en traitement précoce contre le SARS-CoV-2.
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