Les nouvelles recommandations de l’AFEF revisitent complètement le parcours de soin des patient VHC. Pourquoi ce changement radical ?
Pr Christophe Bureau L’objectif est de permettre l’élimination de l’infection par le VHC en France d’ici 2025. Alors que ce n’était pas possible il y a encore quelques années, toutes les conditions sont maintenant réunies pour aller dans ce sens, avec des moyens de diagnostic non invasifs et des traitements pangénotypiques efficaces dans plus de 95 % des cas, sans effets secondaires graves. De plus, au niveau mondial, les hépatites virales sont désormais la 1re cause de mortalité par maladie infectieuse chronique, ce qui en fait une priorité de santé publique. Le but n’est pas l’éradication (disparition totale) de l’hépatite C, que seul un vaccin pourrait autoriser, mais son élimination, c’est-à-dire une diminution de l’incidence et de la mortalité telle que cela ne soit plus un problème de santé publique. Cela est réaliste si on met en œuvre des mesures qui permettent de reconnaître et traiter tous les patients infectés. Mais si on confie cela aux seuls hépatologues, infectiologues et internistes de CHU, nous n’y arriverons pas. D’où nos propositions.
L’AFEF ouvre grand la porte à des prescriptions d’antiviraux en ville. N’y-a-t-il pas un risque médical ?
Pr C. B. Nos recommandations sont faites pour qu’il y ait justement zéro risque puisque nous avons exclu du parcours simplifié tous les patients ayant un risque de maladie sévère du foie ou des comorbidités. Nous avons aussi choisi des seuils bas pour les marqueurs de fibrose, en dessous desquels on ne peut avoir de maladie hépatique sévère. Concernant un éventuel sur-traitement, notre algorithme précise bien que la sérologie doit être confirmée par la recherche de l’ARN viral avant de traiter. Il y aura toujours un mauvais élève qui fera autrement, mais pas plus en médecine générale que chez les spécialistes. Quant au risque de résistances, il devrait concerner à peine une centaine de patients en France compte tenu de l’efficacité très élevée des antiviraux de première et de deuxième ligne. Ces rares patients relèveront bien sûr de centres experts.
En Australie, qui est avec l’Allemagne le seul pays à avoir déjà élargi l’autorisation de prescription des antiviraux directs à l’ensemble des médecins, cela a permis d’augmenter très significativement le nombre de patients traités sans perte de chance pour les patients. Une étude publiée en 2017 montre que si on confie le traitement à un généraliste, à un gastro ou à une infirmière, les résultats sont les mêmes.
Pensez-vous que les autorités suivront ?
Pr C. B. Nous avons eu des échanges avec nos autorités de tutelle, mais pour le moment nous ne savons pas à quoi cela aboutira. Aujourd’hui, neuf pays ont mis l’élimination de l’hépatite C dans leur plan de santé et la France n’en fait pas encore partie, même si nous sommes en avance sur la majorité de nos voisins. On attend le plan national santé publique d’ici la fin du mois et on espère des mesures fortes. Globalement, je suis plutôt optimiste et finalement, ma principale crainte, c’est que les généralistes ne s’emparent pas de cette nouvelle mission.
Il faut absolument contaminer tout le monde et convaincre que cet objectif d’élimination virale est un objectif national qui dépend de tous et pas seulement des hépatologues.
Mise au point
Troubles psychiatriques : quand évoquer une maladie neurodégénérative ?
Étude et pratique
Complications de FA, l’insuffisance cardiaque plus fréquente que l’AVC
Cas clinique
L’ictus amnésique idiopathique
Recommandations
Antibiothérapies dans les infections pédiatriques courantes (2/2)