Rétropédalage sur l’utilisation du vaccin anti-Covid-19 de Janssen. Dans un nouvel avis publié ce 21 février, la Haute Autorité de santé (HAS) recommande, en population générale, de « surseoir » à l’administration de ce produit, déjà peu utilisé en France. Seule exception : les sujets à risque de forme sévère présentant une contre-indication aux vaccins à ARNm. Chez ces patients, le vaccin peut continuer d'être utilisé – « dans le cadre d’une décision médicale partagée », précise l’autorité sanitaire – que ce soit en primovaccination ou en rappel, selon un schéma autologue ou hétérologue (ou après une infection à SARS-CoV-2).
Des craintes fondées sur un rapport d'Epi-Phare
Pourtant, mi-janvier, plusieurs mois après que le vaccin a été mis en cause dans des évènements thromboemboliques atypiques (liés à une thrombopénie) rares et graves, la HAS l'avait réhabilité. Elle considérait alors que chez les plus de 55 ans réfractaires ou présentant une contre-indication aux vaccins à ARNm, ce vaccin à adénovirus pouvait constituer une alternative intéressante aux vaccins Pfizer (Comirnaty) ou Moderna (Spikevax). Et ce, non seulement en primovaccination (schéma complet ou seconde injection après une première dose de Janssen) mais aussi en rappel (quels que soient les vaccins ayant servi à compléter la primovaccination).
À l’origine de ce nouveau revirement : les « données de pharmaco-épidémiologie issues du rapport Epi-Phare du 18 janvier 2022 ». En effet, cette étude du groupement d’intérêt scientifique suggère que les vaccins à adénovirus sont associés, chez les adultes de moins de 75 ans, à un risque d’affections cardiovasculaires « légèrement augmenté ». Plus précisément, dans cette population, le vaccin Janssen semble lié à un surrisque d’infarctus du myocarde – susceptibles de se manifester dans les deux semaines suivant l’injection.
Une mesure de précaution
En fait, suite aux résultats de cette investigation, la HAS joue surtout la carte de la prudence. Car ce surrisque d’infarctus n’est pas confirmé. « À ce jour, les données de pharmacovigilance disponibles au niveau mondial, alors que plus de 38 millions de doses du vaccin Janssen ont été administrées, sont rassurantes et aucun signal en lien avec le risque d'infarctus du myocarde n'a été identifié au niveau européen ou au niveau des États-Unis », reconnaît l’autorité sanitaire.
D'ailleurs, en France, suite à la parution du rapport d’Epi-Phare, les centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV) avaient passé en revue l’ensemble des cas d’infarctus survenus après utilisation du vaccin Janssen depuis l’arrivée du produit dans l’Hexagone - soit 16 évènements de ce type (sur plus d’un million d’injections au total). Une analyse qui n’avait pas permis de conclure à un effet délétère du vaccin face à un « nombre de cas (d’infarctus) observés par la pharmacovigilance (...) pas supérieure à celui attendu en population générale ».
Aussi la Haute Autorité souligne que ce surrisque potentiel « (nécessite) d’être confirmé par d’autres études au niveau international ». « Notamment, la HAS estime que ces données doivent rapidement faire l'objet d'un examen par l'Agence européenne du médicament (EMA) afin d'être confrontées aux données européennes de pharmacovigilance disponibles à date. » En attendant, pour l'instance, les vaccins à ARNm doivent être privilégiés, « y compris pour ceux qui ont déjà reçu une dose du vaccin Janssen en primo-vaccination ».
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