Les indications de la chirurgie bariatrique s’étendent. C’est ce qui se dégage d’un rapport d’évaluation de la Haute Autorité de santé (HAS) doublé d'un avis publié ce 12 octobre, et qui ouvre la voie à un remboursement de ce type d’interventions chez les diabétiques de type 2 mal équilibrés malgré une prise en charge adaptée et présentant une obésité modérée.
« La chirurgie bariatrique est déjà remboursée aux patients en situation d’obésité sévère ou massive (IMC ≥ 40 kg/m² ou bien avec un IMC ≥ 35 kg/m² associé à au moins une comorbidité susceptible d’être améliorée après la chirurgie ndlr), avec un objectif de perte de poids », rappelle la HAS sur son site web. Cependant, face à la progression du diabète, qui concerne 3 millions de personnes et apparaît très lié à des problématiques de surpoids – plus de 40 % des patients atteints de diabète de type se trouvant également en situation d’obésité –, l’instance a décidé d’évaluer l’utilité de la chirurgie dans de nouvelles indications. À savoir chez les diabétiques de type 2 présentant un IMC de 30 à 35 kg/m2 (obésité modérée), voire de 25 à 30 kg/m2 (surpoids).
Rémission du diabète dans 30 à 40 % des cas dans un délai de trois ans
D’autant que « le développement de la chirurgie bariatrique dans la prise en charge des patients en situation d’obésité de grade II ou III (sévère ou massive), a permis d’observer des effets favorables sur la régulation du métabolisme glucidique avec, notamment, l’observation de rémissions de diabète de type 2 (DT2) chez certains patients », avance la HAS. D’où d’ailleurs l’émergence du terme de « chirurgie métabolique ».
Résultat : la HAS donne son feu vert à la chirurgie métabolique chez les diabétiques de type 2 avec une obésité modérée. Et ce, face à des données de la littérature encourageantes : rémission du diabète dans 30 à 40 % des cas dans un délai de trois ans, et chez deux à trois fois plus de patients suivant une prise en charge traditionnelle, résume la HAS. Le tout, pour des effets indésirables a priori « similaires à ceux de la chirurgie pratiquée chez des patients souffrant d’obésité plus sévère » - même si l’agence souligne toutefois que les données restent « limitées ».
Cependant, la HAS formule quelques conditions. En particulier, la chirurgie ne doit être envisagée qu’en dernier recours « lorsque les objectifs glycémiques individualisés ne sont pas atteints (…) ce malgré une prise en charge médicale, notamment diabétologique et nutritionnelle, incluant une activité physique adaptée bien conduite, selon les recommandations de bonne pratique de la HAS actuelles, pendant au moins douze mois ».
Pas de chirurgie pour les patients de moins de 30 kg/m2 d'IMC
De plus, l’agence souligne le caractère partagé de la décision, à prendre « après une réunion pluridisciplinaire incluant un diabétologue et après avoir informé et impliqué le médecin traitant ». « Par ailleurs, la HAS rappelle que la décision doit être prise avec le patient après une information complète sur la technique pratiquée, les avantages, les inconvénients, les impacts et risques de complications, la nécessité d’un soutien psychologique, l’adaptation du comportement alimentaire, l’éducation thérapeutique, l’importance du suivi (à vie) et la supplémentation combinant vitamines, minéraux et oligo-éléments, non remboursée aux dosages nécessaires post-intervention. »
Concernant les patients en surpoids, la HAS exclut la chirurgie pour le moment. « Trop peu de données (…) sont disponibles pour estimer une balance bénéfice risque et donc pour pouvoir (…) proposer la chirurgie métabolique dans le cadre des soins courants. »
Mise au point
Troubles psychiatriques : quand évoquer une maladie neurodégénérative ?
Étude et pratique
Complications de FA, l’insuffisance cardiaque plus fréquente que l’AVC
Cas clinique
L’ictus amnésique idiopathique
Recommandations
Antibiothérapies dans les infections pédiatriques courantes (2/2)