Introduite en 2013 dans le calendrier vaccinal français puis suspendue en 2015 suite à des cas d’invagination intestinale post-vaccinaux, la vaccination des nourrissons contre le rotavirus est de retour. Dans un avis publié ce 12 juillet, la Haute Autorité de santé (HAS) recommande en effet de « vacciner les nourrissons de 6 semaines à 6 mois contre les infections à rotavirus pour protéger au plus tôt les très jeunes enfants ».
Cet avis fait suite à la réévaluation par la HAS de la stratégie vaccinale contre les rotavirus. L’autorité a pris en compte les dernières données d'efficacité et de tolérance concernant les deux vaccins disponibles (Rotarix et RotaTeq).
Une balance bénéfice/risque favorable selon la HAS
Résultats : « l’analyse exhaustive des données d’efficacité en vie réelle confirme la très bonne efficacité de ces deux vaccins rapportée dans les essais cliniques randomisés, que ce soit dans la prévention des infections prises en charge en ambulatoire, mais surtout des formes graves d’infections à rotavirus nécessitant une hospitalisation et/ou un passage aux urgences », estime la HAS. Ainsi, dans les pays ayant atteint une couverture vaccinale supérieure à 80 % chez les nourrissons, la réduction des hospitalisations dues aux gastro-entérites aiguës à rotavirus est importante et varie de 65 à 84 %. On observe également une baisse des infections nosocomiales à rotavirus.
Côté sécurité, la HAS se montre plutôt rassurante. « Depuis 2014, aucun nouveau signal de sécurité n’a été mis en évidence que ce soit au niveau français, européen ou mondial ». Et globalement les récentes données de la littérature ainsi que les avis du PRAC « confirment une balance bénéfices/risques favorable », résume l’institution tout en actant l’existence d’une « légère augmentation de la fréquence des invaginations intestinale aiguë (IIA) dans la semaine qui suit l’ingestion de ces vaccins (jusqu’à six cas pour 100 000 enfants alors que l’incidence de base est estimée entre 25 et 101 pour 100 000 nourrissons) ».
En France métropolitaine, la gastro-entérite aiguë due au rotavirus est responsable chaque hiver d'environ 57 000 consultations en médecine générale, 28 000 passages aux urgences et 20 000 hospitalisations. Les enfants de moins de 3 ans sont les plus touchés par les formes graves, en particulier au cours de leur première année (en nombre de passages aux urgences et d'hospitalisations).
Dans ce contexte, la HAS préconise la vaccination contre les rotavirus de tous les nourrissons âgés de 6 semaines à 6 mois.
Un calendrier à respecter strictement
En pratique, les deux vaccins disponibles en France (Rotarix et RotaTeq) peuvent être utilisés. Ils s’administrent par voie orale, selon un schéma à deux doses (à 2 et 3 mois) pour Rotarix et à trois doses (à 2, 3 et 4 mois) pour RotaTeq.
La HAS souligne l'importance de respecter de manière stricte ce calendrier vaccinal afin de pouvoir compléter le schéma vaccinal avant l'âge limite imposé par l'AMM (6 mois pour Rotarix et 8 mois pour RotaTeq). Les vaccins peuvent être coadministrés avec les autres vaccins du calendrier vaccinal du nourrisson. Il est recommandé de réaliser le schéma vaccinal complet avec le même vaccin.
Par ailleurs, l’information sur le risque d’IIA doit être « systématiquement délivrée par les professionnels de santé aux parents des enfants à vacciner », stipule l’avis.
Enfin, la HAS rappelle que les vaccins Rotarix et Rotateq ne protègent pas contre les gastro-entérites aiguës dues à d'autres causes que les rotavirus.
Pas d'obligation pour le moment
Si pour le moment cette vaccination n’est que recommandée, la HAS « réévaluera la pertinence d’une obligation vaccinale au regard des premières données de couverture vaccinale ». D’ores et déjà, elle souligne l’importance d’obtenir rapidement des taux de couverture vaccinale significatifs, et appelle à conduire « des actions spécifiques auprès des médecins généralistes qui semblent actuellement réticents à cette vaccination ».
Dans une enquête réalisée en 2018 via le réseau Infovac, si 77 % des pédiatres souhaitaient la levée de la suspension de la recommandation de vaccination contre les infections à rotavirus, seuls un tiers des généralistes interrogés s’y disaient favorables.
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