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La HAS revisite le diagnostic de dénutrition chez le sénior

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Publié le 12/11/2021
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De nouvelles recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) redéfinissent les critères diagnostiques de dénutrition chez les plus de 70 ans. Avec notamment un seuil d'IMC revu à la hausse, l'abandon de l'albumine - désormais considérée comme un simple marqueur de sévérité - et des critères de pertes musculaires plus sévères.

Crédit photo : BURGER/PHANIE

Alors que débute ce vendredi la deuxième édition de la semaine nationale de la dénutrition, la Haute Autorité de santé (HAS) vient de publier, en partenariat avec la Fédération Française de Nutrition, de nouvelles guidelines qui revisitent le diagnostic chez le sénior.

Dédié spécifiquement aux plus de 70 ans, ce travail vient compléter les recommandations sur la dénutrition de l’enfant et de l’adulte jeune déjà émises en 2019 par la HAS.

Des critères diagnostiques spécifiques

Chez les plus de 70 ans, le diagnostic repose, comme chez le sujet plus jeune, sur l’association d’un critère phénotypique et d’un critère étiologique, mais certains des critères phénotypiques ont été adaptés au sujet âgé.

Ainsi, la valeur d’IMC retenue pour parler de dénutrition est plus élevée après 70 ans (IMC > 22 versus IMC > 18,5 chez le sujet plus jeune), « les données épidémiologiques montrant une surmortalité en dessous de ce seuil dans la population âgée », précise la HAS.

Par ailleurs, la notion de réduction de la masse et/ou de la fonction musculaires utilisée avant 70 ans est remplacée par celle de sarcopénie confirmée passé cet âge. En effet « la réduction de la force musculaire seule est fréquente dans la population âgée et peut traduire les effets de pathologies diverses (arthrose, maladie de Parkinson…), indépendamment du statut nutritionnel, justifie la HAS. Pour évaluer le statut nutritionnel, il est donc nécessaire d’associer à la diminution de la force une diminution de la masse musculaire (sarcopénie confirmée) chez les sujets âgés ».

Au total, pour les plus de 70 ans, les critères diagnostiques phénotypiques retenus sont les suivants (1 seul critère suffit) :

- perte de poids ≥ 5 % en un mois ou ≥ 10 % en 6 mois ou ≥ 10 % par rapport au poids habituel avant le début de la maladie ;

- IMC < 22 kg/m ² ;

- sarcopénie confirmée par l’association d’une réduction de la force et de la masse musculaire, conformément au Consensus Européen (EWGSOP 2019).

Les critères étiologiques restent eux identiques à ceux utilisés chez le sujet plus jeune et sont les suivants (un seul critère suffit) :

- réduction de la prise alimentaire ≥ 50 % pendant plus d’une semaine, ou toute réduction des apports pendant plus de 2 semaines par rapport à la consommation alimentaire habituelle ou aux besoins protéino-énergétiques ;

- absorption réduite (malabsorption/maldigestion) ;

- situation pathologique (avec ou sans syndrome inflammatoire) : pathologie aiguë, chronique ou maligne évolutive.

« Les personnes âgées en situation d’obésité (IMC ≥ 30) peuvent être dénutries », souligne la HAS. Les critères diagnostiques sont les mêmes que pour les autres sujets âgés à l’exception de l’IMC.

Trois indices de sévérité

Lorsque le diagnostic de dénutrition est établi, il est recommandé d’en évaluer la sévérité, selon les critères ci-dessous (1 seul critère suffit) :

- IMC < 20 kg/m² ; 

- perte de poids ≥ 10 % en un mois ou ≥ 15 % en 6 mois ou ≥ 15 % par rapport au poids habituel avant le début de la maladie ;

- albuminémie < 30 g/L.

Ainsi, par rapport aux recommandations de 2007 sur la dénutrition des sujets âgés, l’albumine n’est plus un élément diagnostique mais un marqueur de sévérité, sa valeur pronostique ne dépendant pas de l’existence d’un syndrome inflammatoire.

De même, le Mini Nutritional Assessment est considéré comme un outil de repérage mais ne constitue plus un critère de diagnostic.

Surveillance rapprochée

Les recommandations de la HAS mettent aussi l’accent sur la surveillance de l’état nutritionnel des sujets âgés, avec en ville « un suivi une fois par mois à domicile et à chaque consultation », quel que soit le statut nutritionnel initial.

Cette surveillance requiert notamment de peser le patient, de calculer son IMC, d’évaluer son appétit et sa consommation alimentaire (en utilisant une échelle visuelle, une échelle semi-quantitative, ou en faisant appel à un diététicien), et enfin de déterminer sa force musculaire en s’appuyant sur la mesure de la force de préhension ou sur le test de lever de chaise.

La dénutrition touche près de 3 millions de Français, dont au moins un tiers de plus de 70 ans.


Source : lequotidiendumedecin.fr