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La HAS se penche sur le syndrome du nez vide

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Publié le 20/12/2022
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Saisie par des associations de patients, la Haute Autorité de santé a élaboré des recommandations sur le syndrome du nez vide. Elle met notamment l'accent sur la prévention de cette complication potentielle de certaines chirurgies des cornets.

Crédit photo : IAN HOOTON/SPL/PHANIE

Le syndrome du nez vide (SNV) correspond à un ensemble de symptômes nasaux et extra-nasaux apparaissant après certaines chirurgies pour obstructions nasales (type turbinectomies).

Mal connue, cette complication peut avoir des répercussions psychologiques majeures (dépression, désocialisation, agoraphobie…) alerte la Haute autorité de santé (HAS) qui vient de publier des recommandations sur le sujet.

Priorité à la prévention

Le texte de la HAS met notamment l’accent sur la prévention.

Rappelant que le syndrome du nez vide « est toujours la conséquence d’un acte chirurgical invasif sur les cornets inférieurs, voire moyens, du nez », la HAS invite à la modération vis-à-vis de ces interventions et reprécise la démarche à suivre en cas d’obstruction nasale chronique.

Il est recommandé, avant tout, de « rechercher une cause inflammatoire, tumorale, pseudo-tumorale ou infectieuse qui nécessiterait une prise en charge spécifique ».

En l’absence d’étiologies de ce type, il est préconisé de caractériser l’origine architecturale, muqueuse ou mixte, de l’obstruction nasale chronique.

En cas d’origine uniquement architecturale, une septoplastie ou une ou rhino-septoplastie peut être proposée pour corriger l’obstruction nasale mais sans geste turbinal inférieur associé en première intention.

Si une origine muqueuse ou mixte est suspectée, « l’étiologie, notamment allergique, doit être recherchée avec les moyens appropriés (diagnostic de rhinite, diagnostic d’allergie) et il est recommandé de toujours débuter par une prise en charge médicale adaptée à l’étiologie et d’attendre au moins trois mois avant d’en évaluer l’efficacité », insiste la HAS.

En cas d’échec symptomatique de la prise en charge médicale, après vérification de l’observance du traitement et nouvel examen clinique, si une intervention est envisagée, la HAS recommande de privilégier les gestes chirurgicaux les moins à risques et de n’envisager la turbinectomie qu’en dernière intention, en conservant au maximum les cornets.

En cas de discordance marquée entre l’intensité de l’obstruction ressentie par le patient et les données objectives, un avis psychiatrique est recommandé pour rechercher un éventuel trouble somatique fonctionnel avant toute décision chirurgicale.

« Dans tous les cas, avant tout geste turbinal, le patient doit être formellement informé sur le risque de survenue de SNV », exhortent les experts.

Un diagnostic d’interrogatoire

Le cas échéant, le diagnostic de syndrome du nez vide « repose sur l’interrogatoire à la recherche d’un antécédent de geste turbinal, d’une obstruction nasale paradoxale et des autres symptômes nasaux (sécheresse, croûtes, hypersensibilité à divers stimuli, douleur, rhinorrhée postérieure, trouble de l’odorat) et extra-nasaux (dyspnée, troubles du sommeil, troubles de l’attention, troubles anxieux, troubles dépressifs, céphalées, sécheresse pharyngée) classiquement associés dans cette entité » , résume la HAS.

L’amélioration de la symptomatologie ressentie par le patient avec le test au coton humide (limitation artificielle du passage aérien nasal par un coton vestibulaire partiellement obstructif placé dans différents sites) est un argument complémentaire en faveur du diagnostic.

Une prise en charge pluridisciplinaire

Sur le plan thérapeutique, le traitement est avant tout médical. La HAS préconise « d’associer des lavages de fosses nasales à des moyens d’humidification nasale (gel et pommade hydratants, aérosol humidificateur) tout en limitant leur fréquence pour prévenir le risque d’aggravation paradoxale des troubles ». En cas de signes locaux d’infection, « le recours aux antibiotiques (oraux, locaux) est possible en l’absence de contre-indication ». Même chose pour les corticoïdes locaux en cas de signes locaux d’inflammation. L’utilisation d’inhalation de menthol, « qui peut procurer une sensation de confort respiratoire », est également recommandée si elle est bien tolérée.

Lorsque le traitement médical prolongé (> 6 mois) est insuffisant pour corriger les symptômes et réduire l’impact du SNV sur la qualité de vie du patient, « un traitement chirurgical visant à restaurer une résistance au passage de l’air et à améliorer le flux aérien nasal peut être discuté ».

Dans tous les cas, au vu de la fréquence des troubles anxio-dépressifs et de leurs liens avec l’intensité des symptômes du SNV, « une prise en charge pluridisciplinaire incluant une prise en charge psychiatrique est recommandée ».


Source : lequotidiendumedecin.fr