Infectiologie

Le « Covid long » pas si rare en pédiatrie ?

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Publié le 21/03/2022
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La Haute Autorité de santé (HAS) publie de nouvelles « réponses rapides » sur le repérage et la prise en charge chez l’enfant et l'adolescent des symptômes prolongés de Covid qui pourraient concerner jusqu’à 5 % des 11 à 17 ans infectés par le SARS-CoV-2.

Crédit photo : BURGER/PHANIE

« Il est indispensable de repérer et diagnostiquer les symptômes prolongés du Covid-19 » afin de les prendre en charge au plus tôt. Et ce, non seulement chez l’adulte, mais aussi en population pédiatrique. C'est ce qu'affirme la Haute Autorité de santé (HAS), qui a publié le 18 mars, en plein rebond de la circulation du SARS-CoV-2, des « réponses rapides » visant à « aider les professionnels de santé à repérer et prendre en charge (le Covid long) chez l’enfant et l’adolescent ».

Des symptômes prolongés pas si exceptionnels ?

Bien que la majorité des enfants infectés par le SARS-CoV-2 développent des formes bénignes de Covid-19, « des symptômes (se prolongeant) plusieurs semaines après l’infection ont été décrits chez les adolescents et plus rarement chez les enfants », souligne la HAS. Et si ces troubles restent moins fréquents que chez l’adulte, ils ne seraient pas si exceptionnels en population pédiatrique : jusqu’à 5 % des enfants de 11 à 17 ans infectés par le SARS-CoV-2 pourraient être concernés, rapporte la HAS.

Or l’impact de ces symptômes persistants peut se révéler « (non) négligeable sur la vie quotidienne de l’enfant, notamment au plan scolaire ». Car selon l’instance, certains jeunes patients atteints de troubles cognitifs ou de « difficultés motrices importantes » depuis plusieurs semaines, mois, voire désormais années, resteraient « scolarisés à distance ou partiellement », avec un risque de décrochage.

Or une prise en charge optimale peinerait souvent à être mise en œuvre. « Les familles de ces patients regroupées en association soulignent les difficultés rencontrées dans le parcours de leurs enfants : minimisation du tableau clinique, errances diagnostiques, prises en charge exclusivement psychologiques, absence de demande d’examen complémentaire contributif notamment d’imagerie, absence de prise en charge multidisciplinaire organisée, etc. », déplore la HAS.

Une anamnèse et un examen clinique pragmatiques pour évaluer les symptômes

D’où cette fiche pratique, qui décrit d’abord les symptômes suspects. À savoir une fatigue « pouvant confiner à l’épuisement », des céphalées, des difficultés de concentration, des arthromyalgies, des douleurs abdominales ou thoraciques, des vertiges, des troubles respiratoires, une perte de poids, une anosmie persistante, etc. Soit des tableaux cliniques « très différents du syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique (PIMS) » et qui évoluent la plupart du temps favorablement, bien qu'un très long rétablissement ou que des rechutes puissent aussi être observés.

En fait, pour l'autorité sanitaire, cette symptomatologie doit donner lieu à « une démarche pragmatique comprenant une anamnèse détaillée (…) et un examen clinique ». « La HAS préconise de ne réaliser un bilan complémentaire, pour éliminer une complication rare liée à la Covid-19 ou dépister une autre maladie sans lien avec le virus, que dans un second temps. » Soit en cas d’absence d’amélioration au bout d’un mois, de retentissement sur la vie quotidienne, ou encore d’anomalie clinique ou à l’anamnèse.

Si aucun diagnostic différentiel ne peut être retenu, l'instance recommande alors de proposer sans tarder une prise en charge « globale, holistique » – et « énergivore », reconnaît la HAS. Celle-ci sera orchestrer par le médecin traitant autour de cinq axes : « définir des objectifs propres à chaque patient », « soutenir l’enfant et sa famille », « réguler ses différentes activités », « limiter l’impact social » et « prescrire, en fonction des symptômes, des traitements médicamenteux ».

Vaccination même en cas de PIMS

Dans un autre avis publié le 18 mars, la HAS revient sur les contre-indications des vaccins anti-Covid-19 chez l'enfant et l'adolescent. Alors que jusqu’à maintenant, les vaccins ne devaient pas être utilisés en cas d’antécédent de PIMS, « la HAS considère qu’il est désormais possible de lever (cette) contre-indication », en respectant toutefois un délai de 3 mois après la guérison. 

Enfin, l’autorité sanitaire étend également les indications du cocktail d’anticorps monoclonal anti-SARS-CoV-2 à longue durée d’action Evusheld (tixagévimab/cilgavimab), initialement réservé à certains adultes à très haut risque de forme grave. « Les adolescents âgés de 12 ans et plus (immunodéprimé, faiblement ou non répondeurs à la vaccination) et qui pèsent plus de 40 kg sont désormais éligibles. »


Source : lequotidiendumedecin.fr