Monkeypox

Le HCSP recommande de viser le contrôle actif de l'épidémie de variole du singe

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Publié le 10/06/2022
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Dans un nouvel avis, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) reprécise les principaux éléments d'une stratégie visant moins à éradiquer le Monkeypox qu'à limiter la circulation du virus dans les populations à risque de forme grave.

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Le virus Monkeypox poursuit sa diffusion en France. Selon Santé publique France, à la date du 9 juin, 91 cas de variole du singe étaient confirmés dans l’Hexagone. Dans ce contexte, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) reprécise, dans un nouvel avis, la stratégie à adopter pour faire face à l’épidémie.

Fin mai, le Haut Conseil avait déjà dessiné les contours de la conduite à tenir en matière de gestion des cas contacts, suspects ou confirmés, de diagnostic, d’isolement, etc. Dans ce cadre, l’instance avait même déjà détaillé les traitements à mettre en place.

Préciser la stratégie en fonction du risque de forme grave et de nouvelles données

Depuis, « le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a été saisi (…) par la Direction générale de la santé (DGS) pour émettre des recommandations complémentaires relatives à la conduite à tenir spécifique pour les personnes à risque de forme grave (enfants, femmes enceintes, personnes immunodéprimées), cas confirmés de l’infection à Monkeypox ou contacts à risque d’un cas », rapporte l’instance. De plus, les premières recommandations du HCSP pouvaient d’ores et déjà être mises à jour du fait de l’évolution rapide des connaissances sur le Monkeypox.

Ainsi, dans ce nouvel avis, le HCSP reprécise et justifie, au regard des nouvelles données qui ont pu émerger, la stratégie à adopter ainsi que son objectif. « À ce stade de l’épidémie et des connaissances sur le virus, les modes de transmission et les populations cibles, (trois) stratégies de contrôle et de surveillance de l’épidémie pourraient (en fait) être considérées », explique l’instance.

Trois stratégies possibles

La première de ces stratégies viserait seulement à « suivre, comprendre et prévenir l’évolution de l’épidémie ». Pour ce faire, serait simplement requis un suivi de l’épidémie sans autres interventions que la déclaration obligatoire, l’autosurveillance passive des patients et l’information des populations les plus touchées par l’épidémie. Le HCSP juge toutefois cette stratégie inadaptée. « Une surveillance sans autre intervention n’est pas recommandée à ce stade de l’épidémie, du fait du caractère émergent du virus Monkeypox en dehors des zones d’endémie. »

Une autre stratégie consisterait à identifier et isoler dans des centres de référence tous les patients dès la moindre suspicion. Et ce, afin de permettre « l’élimination (la plus rapide possible) de l’épidémie sur le territoire national ». Cependant, aux yeux du HCSP, cette stratégie « ne semble pas actuellement pertinente du fait de la nécessité qu’elle implique d’un recours systématique à l’hospitalisation dans le contexte actuel de tensions hospitalières, de l’absence de gravité apparente des premiers cas et du manque de connaissances sur le risque (non avéré) de mutation du virus et de constitution d’un réservoir autochtone humain ou animal ». L’instance n’exclut toutefois pas complètement cette stratégie, qui « pourrait néanmoins devenir prioritaire en fonction de l’évolution des connaissances et avant que la dynamique de l’épidémie ne devienne trop intense ».

Finalement, c’est une stratégie intermédiaire que choisit pour le moment le HCSP : celle du « contrôle actif de l’épidémie dans le but de limiter la circulation du virus dans les populations à risque de forme grave ».

Autosurveillance en cas de forme bénigne sans risque de forme grave

Comme le précise l’instance, cette stratégie est fondée sur l’isolement des patients touchés par le Monkeypox dès l’apparition des symptômes et jusqu’à guérison (« décrustation totale des lésions cutanées avec retour à une peau saine », précise le HCSP). Les modalités de cet isolement sont alors à adapter en fonction de la sévérité de l’infection et des facteurs de risque des sujets concernés.

D’abord, les patients présentant une forme bénigne de variole du singe peuvent être isolés à domicile. Les malades sans facteur de risque de forme grave doivent alors surveiller principalement seuls leur température et leur état cutané (« apparition de fièvre, éruption cutanée vésiculeuse, atteinte muqueuse », précise le HCSP), et bénéficier « d’un appel au minimum hebdomadaire de l’ARS ». « Un numéro de téléphone sera indiqué au patient pour appel en cas d’aggravation des symptômes », ajoute le HCSP.

Suivi rapproché à domicile en cas de facteur de risque de forme grave

Ces patients atteins de forme bénigne peuvent aussi être isolés à domicile en cas de facteur de risque de forme grave (immunodépression, grossesse, etc.). Cependant, doivent être prévus « des appels systématiques pluri-hebdomadaires associés à des déplacements à domicile de l’équipe médicale dédiée (organisation ARS) » afin de surveiller de plus près leur état clinique.

En fait, doivent seulement être isolées à l’hôpital les personnes atteintes d’une forme grave de variole du singe ainsi que les sujets atteints d’une infection bénigne mais dont les conditions de vie ne permettent pas un isolement sûr à domicile (difficulté à s’isoler strictement, à réaliser la surveillance clinique, etc.). Dans ce cas, l’isolement peut aussi être prévu dans une autre « structure dédiée ad hoc ».

Pas d'isolement systématique des personnes contact

À noter que les sujets infectés ne devenant contaminants qu'à l'apparition des symptômes, cet isolement ne doit pas être mis en place systématiquement chez tous les cas contacts. Certes, ceux-ci sont à rechercher et à informer des modalités de surveillance de leur état clinique pendant 21 jours, de la conduite à tenir en cas de symptômes, de la possibilité d’une vaccination, etc. Cependant, seuls les contacts à risque de forme grave sont à écarter de la personne infectée vivant à leur domicile, le cas échéant.


Source : lequotidiendumedecin.fr