Alors que la circulation du SARS-CoV-2 recule et qu’une seconde campagne de rappel est lancée chez l’ensemble des séniors, les traitements spécifiques du Covid-19 restent d’actualité. C’est du moins le cas du Paxlovid, association de nirmatrelvir et de ritonavir, de Pfizer. En effet, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) publie aujourd’hui dans le British Medical Journal (BMJ) des guidelines incitant à utiliser cet antiviral anti-SARS-CoV-2.
Et ce, dans la même indication que celle retenue en France dès janvier. À savoir chez les patients atteints de Covid-19 léger ou modéré à haut risque de développer une forme sévère de la maladie, « comme les patients non vaccinés, âgés ou immunodéprimés ».
Le Paxlovid, efficace, sûr et facile à utiliser
À l’origine de cette « recommandation forte » : « de nouvelles données issues de deux essais randomisés contrôlés impliquant 3 078 patients », plaide l’OMS par communiqué. Ces études confirmeraient la capacité du traitement à réduire le risque d’hospitalisation de 85 %. Un chiffre déjà avancé par le laboratoire début 2022 et qui « représente, dans un groupe à haut risque (plus de 10 % de risque d’hospitalisation), 84hospitalisations en moins pour 1 000 patients », ajoute l’OMS.
Le tout, pour un profil de sécurité favorable. « Un haut niveau de preuve suggère qu’il n’existe que peu ou pas de risque d’effets indésirables susceptibles de conduire à un arrêt de traitement », précise l’OMS. Ce profil de tolérance serait par ailleurs meilleur que celui du molnupiravir, antiviral anti-SARS-CoV-2 du laboratoire Merck Sharp and Dohme (MSD) retoqué fin 2021.
En outre, l’OMS prend en compte la simplicité d’utilisation du Paxlovid, actif par voie orale. Le médicament apparait en effet « plus facile à administrer que les options intraveineuses telles que les traitements par anticorps (anti-SARS-CoV-2) ou le remdesivir », souligne un communiqué du BMJ.
L'utilisation précoce de la thérapie difficile dans les pays en développement
Cependant, l’OMS craint que le Paxlovid ne puisse être utilisé dans tous les pays du monde, et en particulier dans les pays à faible ou moyen revenus. Et ce, d’abord parce que ce médicament consiste en un traitement précoce du Covid-19. « Des tests rapides et précis sont donc essentiels pour que la thérapie fonctionne », souligne l’OMS. Or le taux de dépistage quotidien moyen dans les pays à faible revenu resterait insuffisant, n’atteignant « qu’une faible part (1/80) du taux de dépistage des pays à revenu élevé ».
À ces difficultés d’accès au diagnostic précoce – prérequis nécessaire à toute prescription de Paxlovid – s’ajouteraient des difficultés d’accès au médicament lui-même. « L'OMS est extrêmement préoccupée par le fait que - comme cela s'est produit avec les vaccins COVID-19 - les pays à revenu faible et intermédiaire seront à nouveau poussés en fin de file d'attente lorsqu'il s'agira d'accéder à ce traitement. »
La politique du laboratoire en cause
En fait, l’instance dénonce un « manque de transparence » de Pfizer en ce qui concerne la disponibilité et le coût du Paxlovid. « Il est difficile pour les organisations de santé publique d'obtenir une image précise de la disponibilité du médicament, des pays impliqués dans des accords bilatéraux et du prix qu'ils paient. »
L’accès au médicament pour les pays les plus pauvres apparaîtrait d’autant plus réduit que pour le moment, « aucun produit générique issu d’une source de qualité n’est pour le moment disponible ». « Plusieurs génériqueurs (...) sont en discussion (…) mais un certain temps est sous doute nécessaire avant qu’ils puissent se conformer aux normes internationales et fournir le médicament à échelle internationale », explique l’OMS. Par ailleurs, selon l’instance, un accord conclu par Pfizer avec le Medicines Patent Pool limiterait le nombre de pays pouvant bénéficier de génériques de son médicament.
Vers un retour du remdesivir ?
Quoi qu'il en soit, l’OMS revient également sur l’intérêt du remdesivir contre le Covid-19. « Précédemment, l’OMS s’était prononcée contre son utilisation chez tous les patients Covid, quelle que soit la sévérité de la maladie, du fait de preuves qui, à l’époque, montraient toutes une quasi-absence d’effet sur la mortalité », rappelle l’instance. Cependant, depuis, de nouvelles données d'essai de phase 3 soutiendraient son utilisation dans le Covid-19 léger à modéré chez des patients à haut risque de forme grave : dans cette population, un traitement de trois jours réduirait significativement le risque d'hospitalisation.
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