Après la Direction générale de la Santé (DGS), l’Agence national le de sécurité alimentaire et sanitaire (Anses) revient sur le risque potentiel de transmission du monkeypox aux animaux de compagnie. Dans un avis publié le 16 juin, elle appelle les malades touchés par la variole du singe à s’isoler non seulement de leur entourage mais aussi de leurs animaux de compagnie.
En fait, la crainte est qu’un réservoir animal du virus se constitue dans l’Hexagone, ce qui compliquerait à long terme l’élimination du monkeypox. D’autant que dans l’ouest et dans le centre de l’Afrique, où la variole du singe est endémique, le virus « a été mis en évidence chez différentes espèces animales sauvages sans (toutefois) que le réservoir ait été formellement identifié ».
Dans ce contexte, l’Anses a analysé la littérature scientifique disponible, à la recherche de données concernant la réceptivité (« capacité d’une espèce animale à héberger le virus sans forcément développer de symptômes »), voire la sensibilité (« capacité de l’espèce animale à exprimer des signes cliniques ou des lésions dues au virus ») des animaux de compagnie au monkeypox.
Quelques données inquiétantes sur les lapins et les rongeurs
A ce stade, « les données relatives à la réceptivité des animaux de compagnie vis-à-vis de la variole du singe sont très limitées voire absentes », souligne l’Anses. Cependant, quelques éléments – susceptibles d’évoluer – semblent se dégager au moins pour deux familles d’animaux de compagnie.
D’abord, les lagomorphes – « tels que les lapins ou les lièvres », et qui constituent « les animaux les plus représentés au sein des nouveaux animaux de compagnie », souligne l’Anses – apparaissent à la fois réceptifs et sensibles au monkeypox. Ce serait en particulier le cas des lapereaux. Du moins, en conditions expérimentales.
Les rongeurs de compagnie – « comme les rats bruns, les souris, les cobayes ou encore les hamsters » – semblent, eux, globalement peu réceptifs au virus, mais les plus jeunes pourraient s’avérer plus réceptifs au pathogène.
Principe de précaution en l'absence de données sur les autres animaux de compagnie
Si pour les animaux plus courants, les données manquent encore trop pour formuler des hypothèses quant à leur réceptivité ou à leur sensibilité au virus, l’Anses souligne tout de même que, « concernant les chats, une seule étude sérologique existe, avec des résultats négatifs ». Dans le même esprit, bien qu'aucun travail expérimental ou épidémiologique ne soit disponible chez le furet et surtout chez le chien, « aucun cas clinique n’a été rapporté » pour ces deux espèces, ni d’ailleurs pour les chats.
Dans ce contexte, en attendant de nouvelles études, l’Anses opte pour la prudence. Ainsi l’agence formule-t-elle en pratique deux préconisations. La première : « éviter au maximum les contacts entre l’animal et la personne infectée, idéalement en faisant garder son animal par une autre personne le temps de l’isolement ». Et en cas d’impossibilité à confier les animaux à des sujets non malades, l’agence conseille de « se laver les mains avant chaque contact avec son animal, puis (de) porter des gants et un masque à usage unique ».
Les écureuils potentiellement les plus à risque
Au-delà de ces recommandations aux patients, l’Anses s’adresse aussi aux spécialistes de la médecine animale. « Il est recommandée aux vétérinaires recevant en consultation des animaux dont le propriétaire est symptomatique (afin) de détecter d’éventuels signes précoces de passage du virus de l’humain à l’animal. »
De son côté, l’Anses compte s’atteler aux autres animaux susceptibles d’entrer en contact avec des humains contaminés et de constituer un réservoir. « D’ici fin 2022, une nouvelle expertise viendra compléter ces premiers éléments. Elle portera sur l’évaluation des risques de transmission du virus à la faune péridomestique (notamment les rongeurs) et à l’environnement ainsi que les mesures à prendre pour la prévenir et la surveiller. » D’ailleurs, les sciuridés comme les écureuils « semblent constituer une famille réceptive et sensible, possiblement la plus à risque de contamination par l’être humain », souligne l’Anses
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