Une grande confiance « à titre individuel » des patients envers leur praticien mais des situations conflictuelles et une crainte du contentieux ou du dénigrement exprimée par les médecins : tels sont les enseignements d'un sondage inédit Odoxa/Fondapro* sur la qualité de la relation médicale perçue à la fois par les Français et les praticiens de bloc opératoire (chirurgiens, gynécologues-obstétriciens et anesthésistes-réanimateurs).
Bonne nouvelle : plus de la moitié des Français attribuent à leur médecin une note excellente, soit 8 ou 9 points sur 10. Moins de 10 % des patients sondés n'accordent pas la moyenne. Interrogés plus généralement sur la relation patients/soignants, près des deux tiers des Français la jugent globalement bonne – toutefois, 36 % l'estiment mauvaise, un sentiment plus marqué chez les jeunes.
À noter que seuls 12 % des Français pensent que la qualité de cette relation est exclusivement liée à la qualité des soins, l'immense majorité considérant que d'autres facteurs (relationnel, pédagogie, transparence…) entrent en ligne de compte. « Il semble possible d'améliorer la relation patients/soignants, pas nécessairement en étant encore plus performants sur les soins », analyse Odoxa. De ce point de vue, 27 % des Français se disent mal informés sur les risques avant de subir un acte médical.
L'angoisse de la poursuite judiciaire
Côté médecins, le risque de mécontentement du patient (susceptible de dégénérer) pèse sur la relation médicale, et ce d'autant que 22 % des Français confirment avoir déjà vécu une situation conflictuelle avec leur médecin (dont 4 % plusieurs fois).
Du coup, les médecins (de bloc opératoire, ici) vivent dans la crainte de poursuites judiciaires par les patients : 61 % en ont peur, dont 10 % souvent. D'autant qu'ils estiment, à plus de la moitié, être mal formés pour gérer un éventuel conflit avec l'un de leurs patients. Autre enseignement majeur de l'enquête : la peur du dénigrement par les patients sur les réseaux sociaux est présente chez 37 % des praticiens.
Ces risques (contentieux, dénigrement) – qui se sont accentués ces dernières années pour 92 % des médecins – ont des conséquences. 80 % estiment que cela incite les étudiants en médecine à choisir des spécialités moins risquées que la chirurgie, l'obstétrique ou l'anesthésie ; 60 % que cela pousse les médecins à prendre moins de décisions, et 56 % que cela décourage les vocations des plus jeunes.
Le numérique, espace paradoxal
Cette méfiance semble exacerbée par Internet. 54 % des médecins pensent que les informations médicales que l'on peut y trouver ont un impact négatif sur la relation patient médecin. Pourtant, les Français vont volontiers sur la Toile pour rechercher des informations sur une pathologie diagnostiquée par le médecin (67 %), voire pour effectuer un autodiagnostic sur un symptôme de maladie (37 %). Pour un quart d'entre eux, il s'agit d'évaluer les médecins et de lire les avis à leur sujet.
Alors qu'un Français sur trois a déjà utilisé des outils connectés de santé, les médecins sont plus frileux. Ils admettent à 61 % qu'ils ne connaissent pas assez ces solutions numériques pour en juger et 18 % estiment qu'elles « n'ont guère d'intérêt pour la pratique médicale ». Seuls 11 % des patients indiquent qu'une solution de e-santé leur a déjà été proposée dans le cadre du suivi des soins…
* Sondage réalisé auprès d'un échantillon de 1 004 Français les 6 et 7 mars 2019 sur internet et auprès de 1 167 médecins (assurés par le cabinet Branchet) par mail, du 26 février au 21 mars 2019.
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