Décidément, désormais, la priorité de nos instances est la santé mentale. Un jour après l'annonce de la mise en place du numéro gratuit national unique de prévention du suicide le 1er octobre, la Haute autorité de santé (HAS) publie ses recommandations de bonne pratique pour le réparage et la prise en charge des enfants qui présentent des risques suicidaires.
Le sujet est majeur rappelle l'agence de santé, puisque « le suicide représente la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans et la 5è cause de mortalité chez les moins de 13 ans. En 2016, 26 décès par suicide ont été enregistrés chez les moins de 15 ans et 352 chez les 15-24 ans ». Le problème est également complexe, car comme l'ajoute la HAS : « reconnaître et prendre en charge un enfant ou un adolescent à risque suicidaire peut s’avérer délicat et demande un engagement collectif ». Le médecin généraliste en est un des acteurs principaux pour aider ces jeunes en danger.
Des outils d'aide au repérage
Ces guidelines insistent d'abord sur le repérage de ces jeunes à risque. Certains signes doivent alerter, détaille la Haute autorité : « comme un changement brutal du comportement, la consommation fréquente de drogue ou d’alcool, les actes d’automutilation ou encore les propos suicidaires, qui ne doivent jamais être pris à la légère ».
Durant sa consultation, différents outils peuvent guider le médecin, grâce à des questionnaires existant en version française : le Bullying Insomnia Tobacco Stress Test (BITS) qui aborde des points tels que la qualité du sommeil, le stress lié au travail scolaire et à l’ambiance familiale, les maltraitances, le tabagisme... ; l’Ask Suicide-Screening Questions (ASQ) est utile quand par exemple des problèmes se révèlent au cours de la consultation (pour rechercher les idées suicidaires) ; la Columbia Suicide Severity Rating Scale peut aider pour un état des lieux des idées suicidaires et du risque potentiel de passage à l’acte à court, moyen ou long terme.
Mais en marge de ces outils, pour évaluer le risque suicidaire chez un jeune, un des meilleurs moyens est de prendre le temps d'échanger avec l’enfant ou l’adolescent dans un contexte et un environnement propices, au calme, dans un climat d’empathie et de bienveillance, et bien sûr du respect de la confidentialité. « Parler du suicide n’induit pas d’idée suicidaire et n’incite pas au passage à l’acte », insiste la HAS.
Dans cette évaluation deux aspects doivent être pris en compte : la vulnérabilité et le niveau d'urgence. Le premier point nécessite dévaluer les facteurs de risque, comme les antécédents personnels et familiaux, un harcèlement, des problèmes de santé somatiques, des difficultés familiales, etc. Le niveau d'urgence doit analyser le niveau de souffrance psychique, s'il y a eu une recherche de scenario suicidaire, estimer le niveau d'intentionnalité suicidaire. « Il est recommandé de ne jamais sous-estimer l’urgence suicidaire », insiste la HAS.
Ambulatoire ou hospitalisation
La prise en charge en ambulatoire ou en hospitalisation dépend de plusieurs éléments, dont l'urgence suicidaire et le niveau de vulnérabilité. Il est rappelé que les souhaits de l'enfant, de l'adolescent et ceux des titulaires de l'autorité parentale doivent être pris en compte, les ressources ambulatoires doivent être évaluées…
Mais« dans les situations où le risque vital est engagé, la décision médicale de soins en ambulatoire ou d’hospitalisation peut être prise quel que soit l’avis de l’enfant ou de l’adolescent mineur. Si au moins un parent s’y oppose malgré les efforts du médecin pour le convaincre, la situation peut relever de la protection de l’enfance et peut justifier de la rédaction d’un signalement judiciaire au Procureur de la République en vue d’une Ordonnance de Placement Provisoire à l’hôpital », rappelle la HAS.
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