Autant les autorités sanitaires et la communauté scientifique étaient restées étonnamment discrètes lors de la parution du brûlot des Prs Even et Debré contre l’intérêt des médicaments en septembre dernier, autant, cette fois, HAS, Académie de Médecine, sociétés savantes et associations de patients ont réagi de concert en publiant sans délai une réponse circonstanciée à l’attaque contre les hypocholestérolémiants que Philippe Even vient de lancer en publiant un nouveau livre. De fait, remettre en cause l’efficacité des statines, c’est comme s’attaquer à un roc. « Il n’y a pas un seul médicament en médecine préventive qui ait un niveau de preuves d’efficacité aussi élevé que les statines », précise le communiqué commun des 13 sociétés savantes et associations de patients impliquées dans la prévention cardio-vasculaire.
La HAS de son côté, à grand renfort d’études massues, assène des chiffres irrécusables : « Toutes statines confondues, le traitement diminue le risque de mortalité toutes causes confondues de 10 %, quel que soit le profil du patient, et le risque d’événements cardio-vasculaires de 15 % à 23 %, selon l’événement étudié. »
Prévention primaire ou secondaire ?
De l’avis de la HAS, l’abandon d’une statine en prévention secondaire serait irresponsable. Selon le Dr François Paillard (cardiologue et spécialiste de la prévention cardio-vasculaire (Rennes), « toutes les études en prévention secondaire post IDM ou post AVC vont dans le même sens, celui d’un bénéfice incontestable des statines sur la morbi-mortalité cardio-vasculaire ». Il rappelle qu’une récente étude de la CNAM a montré qu’un sujet a plus de deux fois moins de risque d’événements délétères s’il est observant à sa quadrithérapie (bêta-bloquants, anti-agrégants plaquettaires, statines, IEC) dans les 6 mois qui suivent un infarctus.
En prévention primaire par contre, la HAS nuance ses recommandations et propose de réserver la prescription des statines aux personnes à haut risque qui cumulent diabète, HTA, tabagisme... et aux hypercholestérolémies familiales isolées. « Qu’un patient porteur d’une hypercholestérolémie banale polygénique sans facteur de risque majeur ne prenne pas de statine, tant mieux ! Il est à faible risque et la prise d’hypocholestérolémiant risque de le détourner des mesures de prévention hygiéno-diététiques », pointe le cardiologue rennais. Mais il rappelle aussitôt qu’il «?existe des zones de chevauchement entre l’hypercholestérolémie banale polygénique de Monsieur Tout-le-Monde et les hypercholestérolémies familiales qui ne sont pas trop hautes dans leur expression biologique ». En pratique, la Société Européenne de Cardiologie a fixé la barre de repérage des hypercholestérolémies familiales à 1,90g/l et l’Afssaps en son temps à 2,20g/l de LDL-C. Repérer ces sujets est très important puisque le traitement par statine a permis d’annuler leur sur-risque d’événements cardio-vasculaires qui était trois à quatre fois supérieur à celui de la population générale avant l’ère des statines.
Et, cerise sur le gâteau, la récente méta-analyse Cochrane de 19 études, dont 18 randomisées, parue le 31 janvier dernier sur le rapport bénéfices/risques des statines en prévention primaire a montré que les molécules permettaient une réduction de la mortalité toutes causes confondues de 14 % (OR : 0,86), des événements cardio-vasculaires fatals et non fatals de 25 %. Et des AVC de 22 %. Cette polémique sur les hypercholstérolémiants serait-elle un non-événement ?
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