La rougeole persiste en Europe, en dépit de l'introduction du vaccin dans les programmes courants de vaccination des enfants (1). De sérieux doutes pèsent sur la capacité de l'UE et de l'OMS d'atteindre leur objectif d’éradiquer la maladie en Europe d'ici à 2010 (2).
Le nombre élevé de cas de rougeole dans certains pays européens (Allemagne, Roumanie, Italie, découle d'une couverture vaccinale insuffisante due soit à des difficultés économiques ou géographiques d’accès à la vaccination, soit à des raisons idéologiques ou religieuses. Un des risques est l’exportation de la maladie vers les pays en voie de développement génératrice de fortes épidémies et taux de mortalité élevé.
La rougeole réapparaît donc en Europe : en France, 84 cas ont été déclarés à l'InVS en 2006 et 2007, 595 cas en 2008, et déjà quelques uns en 2009 dont un mortel.
LA SITUATION FRANÇAISE
La rougeole est la première cause de mortalité par maladie à prévention vaccinale.
Avant la recommandation vaccinale mise en place en 1983, la France comptait 300 000 cas de rougeole par an. Ce chiffre a pu atteindre moins de 5000 cas par an en France dès 2002, diminuant en parallèle de la mortalité (3).
La Déclaration Obligatoire (DO) de la maladie réintroduite en 2005 (4) a permis de comptabiliser 40 cas en 2006 et 44 en 2007. Au cours du 1er trimestre 2008, des foyers d’une vingtaine de cas sont apparus à Reims et Nice avec une transmission nosocomiale. Puis d’autres sont survenus dans des institutions scolaires d’une communauté religieuse. Pendant l’été 2008, des cas groupés ont été signalés dans des camps de loisir (Côte d’Or, Maine et Loire,(5). Cette recrudescence des cas de rougeole a été plus marquée à l’automne 2008. Des épidémies continuent d’évoluer en 2009 dans certains départements. Le retard de prise en charge et la sous-déclaration des cas entraînant des difficultés à contrôler les foyers (6).
LES MOYENS D'ERADICATION
L’arrêt de la transmission endémique du virus et une propagation secondaire limitée sont les objectifs d’éradication de la rougeole (2, 4).
En France, le taux actuel de couverture vaccinale est insuffisant : 87 % à l’âge de 24 mois pour une dose de vaccin (7). Or l’éradication de la maladie ne pourrait être envisagée que si ce taux atteignait 95 % avant l’âge de 2 ans.
La vaccination des sujets dits réceptifs (adolescents et jeunes adultes non vaccinés, vecteurs d’épidémies majeures de rougeole (8)), l’augmentation de la couverture vaccinale des enfants avant l’âge de 2 ans et l’administration d’une seconde dose plus tôt devraient permettre à terme la disparition de la rougeole.
RAPPEL DES RECOMMANDATIONS VACCINALES (8)
-) La première dose du vaccin trivalent Rougeole-Oreillons-Rubéole est recommandée chez tous les nourrissons à l’âge de 12 mois (ou 9 mois si entrée en collectivité ou voyage en zone d’endémie) et la seconde entre 13 et 24 mois (tout en respectant un délai d’au moins 1 mois entre les 2 vaccinations).
Tous les enfants et adolescents âgés de 24 mois à 16 ans en 2008 (nés entre 1992 et 2006) devraient avoir reçu deux doses de vaccin trivalent (8).
Les personnes âgées de 17 à 28 ans (nées entre 1980 et 1991) n’ayant jamais été vaccinées contre la rougeole devraient recevoir une dose de vaccin trivalent (8).
-) La seconde vaccination ne constitue pas un rappel (immunité acquise après la 1ère vaccination de longue durée) mais un rattrapage pour les enfants n’ayant pas séroconverti : 5 à 10 % après la 1re dose contre seulement 1 % après la 2e dose (3).
Cette vaccination est contre-indiquée chez les personnes immunodéprimées et les femmes enceintes (s’assurer de l’absence d’une grossesse débutante et éviter toute grossesse dans les 2 mois suivant la vaccination).
Pratiquée dans les 72 heures après un contact avec un cas, elle peut prévenir la survenue de la maladie.
Si le vaccin monovalent est utilisé entre 6 et 8 mois dans le cadre de la vaccination autour d’un cas ou plusieurs cas, 2 doses de vaccins trivalents sont nécessaires (pour l’obtention d’une efficacité contre la varicelle).
Les professionnels de santé âgés de plus de 28 ans non vaccinés ou sans antécédent de rougeole doivent recevoir une dose de vaccin trivalent.
CLINIQUE ET PRISE EN CHARGE DES CAS OBSERVES
L’existence de cas groupés et d’épidémies s’explique par la haute contagiosité du virus de la rougeole par voie aérienne.
La maladie est souvent bénigne mais des complications graves (pneumopathies, encéphalite aiguë, panencéphalite subaiguë sclérosante (PESS), peuvent survenir (nourrissons de moins de 1 an, sujets immunodéprimés, femmes enceintes,.
L’âge moyen des cas observés en 2008 et 2009 était de 12 ans. La majorité correspondait à des sujets non vaccinés. Plusieurs avaient reçu 1 dose de vaccin, et d’autres 2 doses (6).
La plupart des cas a présenté une forme typique d’otite moyenne ou de pneumonie, certains des formes atténuées. Les formes graves n’ont pas augmenté. Le décès survenu début 2009 fait suite à une encéphalite (enfant de 12 ans non vaccinée).
Dans ce contexte de résurgence de la rougeole, la confirmation clinique et biologique (sérologie ou test salivaire) et les procédures de signalement et d’intervention autour de cas de rougeole rappelés dans la circulaire de la DGS du 4 juillet 2005 sont essentielles (9).
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