Bien que l’efficacité des traitements de substitution nicotinique (TSN) utilisés après l’abandon du tabac soit clairement démontrée, on ne sait pas très bien si des doses plus élevées, des durées de traitement plus longues ou l’utilisation d'un TSN avant l’abandon du tabac ajoutent à son efficacité. Une récente revue Cochrane a cherché à déterminer l’efficacité et l’innocuité comparées de différentes formes, leurs modes d’administration, doses, durées des TSN pour le sevrage tabagique à long terme. Pour ce faire, ce travail a identifié 63 essais cliniques portant sur 41 509 candidats au sevrage, fumant généralement au moins 15 cigarettes par jour au début de l’étude. La durée du suivi était d’au moins six mois.
→ Combiner les galéniques. L’utilisation combinée de deux substituts (forme à action rapide + patch) a augmenté de 15 à 36 % la probabilité de réussite du sevrage tabagique par rapport à l’utilisation d’un seul type de substitut. Les taux d’abandon du tabac à long terme sont plus élevés qu’avec une forme simple (RR 1,25, IC à 95 %).
→ Des produits plus fortement dosés. Des données de valeur probante modérée indiquent que les patchs dosés à 42/44 mg sont aussi efficaces que ceux à 21/22 mg (portés pendant 24 heures) (RR 1,09, IC à 95 %) et que ceux à 21 mg sont plus efficaces que ceux à 14 mg (portés pendant 24 heures) (RR 1,48, IC à 95 %). D’autres données suggèrent aussi un avantage des patchs à 25 mg sur ceux à 15 mg portés pendant 16 heures. Cinq études comparant des chewing-gums à 4 mg et à 2 mg ont montré un avantage à la dose la plus forte (RR 1,43, IC à 95 %), notamment chez les fumeurs très dépendants.
→ Débuter la substitution avant l’arrêt du tabac. Neuf études suggèrent un effet favorable du TSN débuté avant l’abstinence tabagique (RR 1,25, IC à 95 %) comparé à l'effet de ce traitement commencé au premier jour de l'arrêt du tabac.
→ Match nul sur le long terme. Des données de bonne valeur probante issues de huit études suggèrent que l’utilisation d’une forme de substitut nicotinique à action rapide ou d’un patch à la nicotine entraîne des taux d’abandon comparables à long terme (RR 0,90, IC à 95 %).
→ En revanche, les auteurs affirment n’avoir trouvé aucune donnée probante en matière d'efficacité sur la durée totale de l’utilisation des patchs à la nicotine, leur usage quotidien (16 heures ou 24 heures), la durée du TSN combiné, la diminution progressive de la dose des patchs en comparaison avec l’arrêt brutal, le type de substitut à action rapide, la prise à volonté par rapport aux doses fixes, la gratuité des TSN, leur arrêt ou poursuite lors des rechutes tabagiques.
→ Quant aux effets indésirables, un essai a rapporté un nombre plus élevé d’abandons chez les participants utilisant un spray nasal, en comparaison avec les patchs (RR 3,47, IC à 95 % ; données de très faible valeur probante). Même constat dans deux essais chez des usagers de patchs à 42/44 mg par rapport aux patchs à 21/22 mg.
Lindson N & al. Different doses, durations and modes of delivery of nicotine replacement therapy for smoking cessation. Cochrane Database of Systematic Reviews 2019, Issue 4. Art. No.: CD013308.
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