Repères patients

TFI : suivi régulier mais sans excès

Publié le 24/01/2014

Article réservé aux abonnés

Pathologie digestive fréquente, chronique et récurrente, elle pose la question de son suivi au long cours pour trouver un équilibre entre dépistage et réassurance, conseils nutritionnels et risque d'excès du régime.

J'EXPLIQUE

› Définis par l'association de douleurs abdominales, de troubles du transit intestinal (diarrhée, constipation ou alternance des deux), de ballonnements, les troubles fonctionnels intestinaux (TFI) sont présents chez 10,2 % des femmes et 4 % des hommes selon les données issues de la cohorte GAZEL (20 000 employés de l'EDF). Cela regroupe les dénominations habituellement employées de « côlon irritable » ou de « colite spasmodique » ou encore plus simplement de « colite ».

› Le terrain psychologique et les troubles de l’humeur interfèrent avec la perception et l’intégration des informations sensitives d’origine digestive. Ils entretiennent notamment un état d’hypervigilance à ces stimuli, majorant la sensation douloureuse.

› Ce terrain psychologique conduit parfois à un excès de régime alimentaire, en particulier en fibres, qui aggrave la symptomatologie.

› Le suivi de cette pathologie digestive pose les questions de l'ajustement des traitements et conseils nutritionnels en fonction de l'évolution des symptômes et celles de la fréquence des explorations fonctionnelles pour être rassuré sans devoir en prescrire trop souvent.

› Le diagnostic de TFI est posé à partir des critères de Rome III :

– douleur abdominale ou inconfort digestif survenant au moins trois jours par mois durant les trois derniers mois ;

– association avec au moins deux des critères suivants : amélioration par la défécation, survenue associée à une modification de la fréquence des selles, survenue associée à une modification de la consistance des selles..

JE PRESCRIS

› Des explorations fonctionnelles type colonoscopie, en vérifiant que les précédentes ont été réalisées dans de bonnes conditions de préparation. Il faut éviter aussi une trop grande fréquence de ces explorations qui peut être anxiogène et coûteux pour l'Assurance Maladie.

› Le risque de découverte de cancer du côlon est plus faible chez ces patients que dans la population générale car ils sont mieux dépistés et surveillés. Mais la présence d'un TFI ne préserve pas de la survenue de polypes coliques et d'un cancer du côlon.

› Le régime pour ces patients porte sur les fibres alimentaires, l'éviction des aliments favorisant les ballonnements et fermentations. Il doit être personnalisé et adapté en fonction de l'évolution des symptômes digestifs.

› Les fibres alimentaires sont responsables d'une meilleure hydratation des selles et d'un accroissement de la masse fécale qui favorise le transit. Mais l'action des enzymes bactériennes coliques peuvent conduire aussi à des fermentations excessives responsables de ballonnements.

› Un contrat thérapeutique informera sur le caractère chronique et récurrent de cette pathologie digestive mais aussi sur l'espoir qu'une prise en charge adéquat puisse réduire la fréquence des épisodes douloureux et de leur intensité. Ce contrat au long cours se donnera un objectif raisonnable d'amélioration de la symptomatologie de 50 à 60 % à travers la tenue éventuelle d'un calendrier des symptômes.

› Divers traitements symptomatiques peuvent être prescrits comme les modificateurs du transit (de préférence les laxatifs osmotiques notamment les macrogols), les anti-spasmodiques, l’association citrate d’alvérine et siméthicone, la montmorillonite bedellitique, les probiotiques... en adaptant les prescriptions à l'évolution symptomatologique de la maladie.

› En cas d’échec de ces traitements symptomatiques, il devient légitime d’avoir recours aux antidépresseurs à petites doses (tricycliques de préférence aux IRS).

› Le rôle joué par les émotions ou les événements de vie et l'hypersensibilité viscérale présente chez ces patients permettent aussi d'envisager des approches non médicamenteuses (psychothérapie, relaxation, hypnose...)

J'ALERTE

› La nécessité d'un bilan biologique régulier pour dépister des carences liées à un régime alimentaire suivi avec excès (ferritine, ionogramme...)

› Un amaigrissement, la présence de sang dans les selles, une modification importante du transit ou de la symptomatologie digestive doivent être signalés et faire rechercher un éventuel cancer digestif.