J'EXPLIQUE.
• La symptomatologie des troubles fonctionnels intestinaux (TFI) est dominée par une douleur ou un inconfort chronique de l'abdomen, des ballonnements, des troubles du transit (diarrhée, constipation ou alternance des deux). Ils peuvent être associés à des brûlures d’estomac, des nausées ou des vomissements dans le cadre plus large des troubles digestifs fonctionnels.
• La physiopathologie du TFI est multifactorielle, associant des troubles de la motricité mais aussi des troubles de la sensibilité intestinale au niveau périphérique (muqueuse intestinale) et au niveau central (trace mnésique d'un épisode digestif aigu) qui conduit à une hypersensibilité viscérale globale aux stimuli digestifs et une modification du vécu douloureux.
• Il existerait également au niveau de la muqueuse intestinale une micro-inflammation et une flore altérée à l'origine d'un trouble de la perméabilité de cette muqueuse. Ce trouble pourrait expliquer certaines intolérances alimentaires comme celle du gluten, certains lipides et sucres à l'origine des troubles digestifs.
• Le diagnostic de TFI est posé à partir des critères de Rome III :
– douleur abdominale ou inconfort digestif survenant au moins trois jours par mois durant les trois derniers mois associée avec au moins deux des critères suivants ;
– amélioration par la défécation;
– survenue associée à une modification de la fréquence des selles ;
– survenue associée à une modification de la consistance des selles.
• Le terrain psychologique et les troubles de l’humeur interfèrent avec la perception et l’intégration des informations sensitives d’origine digestive. Ils entretiennent notamment un état d’hypervigilance à ces stimuli et majorent la sensation douloureuse.
JE PRESCRIS
• Compte tenu de la complexité de la physiopathologie des TFI, la prise en charge thérapeutique devra être diversifiée. La première étape est l'information sur les mécanismes de cette pathologie digestive, en soulignant son caractère chronique et récurrent.
• Des conseils diététiques peuvent être donnés (fibres alimentaires, éviter les légumineuses, les aliments avec petites graines comme les fraises ou les tomates, les épices...) en restant vigilant à ne pas nourrir les traits obsessionnels souvent présents chez ces patients.
• Les modificateurs du transit peuvent être prescrits en cas de constipation. Les laxatifs irritants pour la muqueuse intestinale sont à éviter.
• Les anti-spasmodiques (trimébutine, mébévérine, pinavérium...) ont montré leur efficacité supérieure au placebo contre la douleur abdominale mais ne modifient pas le transit.
• Le pholoroglucinol d’action rapide est surtout indiqué à la demande, en cures courtes, pour soulager un accès douloureux.
• L’association citrate d’alvérine et siméthicone a été réévaluée en 2009 : elle entraîne une amélioration de la douleur et du transit par rapport au placebo.
• L’efficacité de la montmorillonite bedellitique a été récemment réévaluée contre placebo. L’amélioration du confort digestif a été supérieure au placebo dans le groupe SII (syndrome de l'intestin irritable) avec constipation.
• Une méta-analyse de 2010 suggère que les probiotiques seraient une option thérapeutique sérieuse pour soigner la douleur mais rien n'est encore suffisamment établi.
• En cas d’échec de la correction des troubles du transit et des traitements à visée périphérique sur les symptômes douloureux, il est légitime d’avoir recours aux antidépresseurs à petite dose (tricycliques de préférence aux IRS).
• Le rôle joué par les émotions ou les événements de vie et l'hypersensibilité viscérale présente chez ces patients rendent logique d'envisager aussi des approches non médicamenteuses (psychothérapie, relaxation, hypnose...).
J'ALERTE.
• Les TFI ne protègent pas de la survenue d'un cancer digestif.
• La présence de sang dans les selles, d'une modification importante du transit ou de la symptomatologie digestive doit être signalée et faire rechercher un éventuel cancer digestif.
JE RENVOIE SUR LE WEB.
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