J’EXPLIQUE
• On doit éliminer d’emblée les causes « physiologiques » survenant après un effort physique ou intellectuel exceptionnel, un surmenage, un décalage horaire, la grossesse… Ces causes exclues (3% des cas), on parle d’asthénie (littéralement : sans force) devant une fatigue pathologique, durable, sans cause immédiate, non améliorée par le repos.
• Les causes psychologiques (7-37%) comprennent les troubles dépressifs, anxieux, somatoformes, TCA. L’asthénie varie d’un jour à l’autre, souvent maximale le matin, améliorée par l’activité et non impactée par le repos.
• L’asthénie liée au mode de vie est le fait d’une alimentation carencée, de dénutrition, de repas irréguliers, d’un sommeil de mauvaise qualité, d’excès d'alcool, d’insuffisance d'exercice ou de surentraînement physique.
• Les causes organiques (17-36%) témoignent de maladies diverses se traduisant par des lésions organiques. La fatigue peut être un des signes de cette maladie. Certains médicaments peuvent aussi être responsables de fatigue : ß-bloquants, psychotropes…
• Les causes dites fonctionnelles (38-70%) sont définies par d'authentiques symptômes physiques (douleurs diffuses…), sans lésion organique objectivable. L'inquiétude augmente l'intensité des symptômes.
• Enfin, l’asthénie peut être plurifactorielle. Une asthénie psychologique est souvent perçue comme ayant une expression avant tout physique par les patients eux-mêmes, et, à l’inverse, une asthénie organique prolongée peut engendrer une asthénie psychique.
J’INFORME
• La période automno-hivernale est particulièrement propice aux asthénies. Deux entités doivent être signalées :
- le trouble affectif saisonnier, qui touche 2-3% de la population (10-15% dans sa forme mineure de « blues hivernal »), est un trouble récurrent lié à la baisse de la luminosité. Il partage de nombreux symptômes avec la dépression ; néanmoins, on note un repli social particulier, un besoin de sommeil accru et une augmentation de l’appétit caractéristiques ;
- l’asthénie post-infectieuse, qui peut durer plusieurs semaines après la guérison. Dans les cas extrêmes (1%), il s’agit d’un syndrome de fatigue chronique : asthénie ≥ 6 mois ne cédant pas au repos et imposant une réduction des activités ≥ 50%, associée à divers symptômes (fébricule, douleurs articulaires, céphalées, adénopathies…). L’asthénie est physique et psychique, puis franchement psychique (on parle d’encéphalite myalgique). L’évolution se compte en mois voire années.
• Il n'existe pas de « bilan standard » car les explorations biologiques, si elles sont prescrites, seront fonction des données de l’examen. Il est fréquemment licite de ne pas prescrire de bilan et de temporiser.
JE PRESCRIS
• La demande, la prescription et l’automédication en vitamines et minéraux sont répandues. Pourtant, l'alimentation diversifiée, associant produits cuits et crus d'origine animale et végétale, permet de couvrir, hors besoins spécifiques (grossesse, ostéoporose, alcoolisme…), les besoins de l'organisme.
• Une prescription de vitamines aura au mieux un effet placebo ; mais elle peut aussi avoir des effets nocifs en cas de surdosage (cancers pulmonaires et mortalité cardio-vasculaire en cas de surdosage en vitamines A et E).
• Une fatigue est l’occasion de questionner le mode de vie : sommeil, alimentation, activité physique... La fonte musculaire secondaire à la sédentarité est une cause répandue d’asthénie, la « réactivation physique » progressive en est le traitement.
J’ALERTE
• Il ne faut pas confondre l’asthénie avec une dyspnée d’effort, une lipothymie ou une gêne fonctionnelle (handicap lié à des douleurs arthrosiques par exemple).
• Un sommeil bref n’est pas pathologique chez un « petit dormeur » ; une modification récente sera en revanche à considérer : insomnies d'endormissement, réveils nocturnes, levers précoces, ronflements, apnées…
• La surcharge de travail est souvent sous-estimée par les patients dans une société qui valorise la performance.
• L’écueil principal des situations d’asthénie est l’autodiagnostic, souvent erroné, au risque de ne pas repérer une maladie grave.
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