Je suis arrivé rapidement mais la crise était terminée et Julie reposait tranquille dans les bras de sa mère. Une amie présente a pu me décrire l’événement, l’enfant à terre avec de mouvements convulsifs des membres, puis retrouvant peu à peu sa conscience. L’épisode a duré moins de deux minutes. L’enfant est apyrexique, son examen clinique est normal.
EST-CE UNE CRISE ÉPILEPTIQUE ? A T-ELLE UNE CAUSE IDENTIFIABLE ?
› Devant un épisode paroxystique, la première question à se poser est : est-ce bien une crise épileptique ? Dans le cas de Julie, le début brutal, le caractère paroxystique et la confusion post-critique, la brièveté de la crise sont en faveur d’une crise épileptique.
> Deuxième question, cette crise est elle occasionnelle c'est-à-dire secondaire à une cause : fièvre, troubles ioniques, cause toxique, traumatisme crânien, etc., ce qui nécessiterait une prise en charge urgente.
Julie n’a pas de fièvre, une possible prise de toxique doit être recherchée et éliminée, un bilan biologique n’est pas utile (les troubles ioniques ou métaboliques sont surtout responsables de crises répétitives ou de longue durée). Aucune imagerie n’est justifiée si l’examen neurologique est normal.
UNE CRISE ÉPILEPTIQUE ISOLÉE N’EST PAS UNE ÉPILEPSIE
› La survenue d’une crise épileptique ne permet en aucun cas de poser le diagnostic d’épilepsie ; 50 % des enfants ne feront pas d’autre crise. Il faut une répétition des crises pour affirmer un diagnostic d’épilepsie, ce qui implique de rechercher attentivement un possible épisode antérieur en interrogeant les parents.
L’électroencéphalogramme n’a aucun intérêt pour savoir si l’épisode qui est survenu était une crise épileptique.
› Le diagnostic d’épilepsie est essentiellement clinique et repose sur la répétition des crises. Les données de l’EEG viendront préciser de quel type d’épilepsie il s’agit.
Après une 1re crise épileptique, il n’y a aucune raison de proposer un traitement (autre qu’étiologique s’il s’agissait d’une crise occasionnelle). La discussion d’un traitement ne se ferait que si un diagnostic d’épilepsie était retenu, c'est-à-dire si l’enfant avait d’autres crises.
QUAND ET COMMENT TRAITER UNE CRISE ÉPILEPTIQUE ?
Aucune donnée ne suggère que les crises épileptiques de courte durée puissent avoir des conséquences sur le cerveau. La plupart des crises (76 %) n’ont pas besoin de traitement puisqu’elles durent spontanément moins de cinq minutes, seules les crises de plus de cinq minutes ont une probabilité élevée de se prolonger. Une crise épileptique de plus de 5 minutes doit recevoir un traitement médicamenteux, pas plus tôt, pas plus tard, pour éviter l’apparition d’un état de mal épileptique. Il ne faut pas confondre la crise elle-même et la phase post-critique qui est souvent plus longue.
› Dans le cas d’une crise qui dure, il faut administrer une benzodiazépine, rapide d’action et efficace. Le midazolam (Buccolam®) par voie buccale est une alternative simple et rapide d’administration (entre la joue et les dents) au Valium® par voie rectale. Son conditionnement en seringue pré-remplie et pré-dosée (2,5mg : 6 mois-1 an; 5mg : 1 an-5 ans ; 7,5mg : 5-10 ans et 10mg : 10-18 ans) lui permet d’être administré facilement, en tout lieu et en toutes circonstances (notamment à l’école où les enseignants ne sont pas autorisés à donner des médicaments qui ne sont pas pré-dosés ou dont la voie d’administration n’est pas orale).
ATTENTION AU TRAUMATISME DES PARENTS
« La survenue d’une première crise épileptique est souvent vécue comme un événement traumatisant par la famille. La grande majorité des parents ont eu un sentiment de risque de mort imminente laissant souvent une anxiété importante. Il faut donc prendre le temps d’écouter et d’expliquer : une crise isolée n’est pas synonyme d’épilepsie ; il existe un risque de récurrence, mais, en l’absence de récidive, l’enfant ne doit pas être considéré comme ayant une épilepsie, ni par son entourage, ni dans ses activités scolaires et extrascolaires. »
› Il faut aussi expliquer les risques encourus lors de la survenue d’une récidive de crise épileptique et dire clairement qu’il existe deux risques :
– un risque lié à la circonstance de survenue, faible à priori chez les jeunes enfants où tout événement de vie à caractère dangereux est encadré par un adulte : blessure, accident. Si une crise survient, il faut :
- rester calme ;
- éviter que l’enfant ne se blesse et déplacer les objets dangereux plutôt que déplacer l’enfant ;
- ne pas empêcher les mouvements et ne rien introduire dans la bouche, que ce soit un doigt ou un objet ;
- rester avec l’enfant et prévenir les secours si la crise persiste.
– Un risque lié à la durée de la crise épileptique.
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