Formation infirmière : la grande évasion

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Publié le 17/03/2023
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Un peu plus d’un tiers des étudiants en soins infirmiers abandonne le cursus avant d’être diplômés. Une déperdition qui, selon les représentants étudiants, est directement liée aux conditions de formation.

Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

61 %. C’est la part des étudiants en soins infirmiers de la cohorte d’étudiants entrés en Ifsi en 2019 qui ont été diplômés en 2022, selon les chiffres présentés en février dernier par le Comité d’entente des formations infirmières et cadres (Cefiec), l’organisme qui fédère les centres de formation. Voilà qui représente un taux d’évaporation de près de 40 % : une sacrée épine dans le pied des autorités sanitaires qui affichent leur volonté d’augmenter sensiblement les effectifs infirmiers.

« C’est un chiffre qui correspond à ce que nous constatons lors de nos enquêtes sur le bien-être étudiant, se désole Manon Morel, présidente de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi). Nous arrivons à environ 40 % d’abandons de formation, avec des étudiants qui nous disent notamment que cette décision fait suite à un stage qui s’est mal passé» La représentante des étudiants en soins infirmiers pointe également la formation théorique. « Les référentiels n’ont pas été revus depuis 2009, ils ne sont plus adaptés », accuse-t-elle.

Assis par terre

Une réalité dont, selon Manon Morel, il faut tenir compte avant de continuer à augmenter les effectifs accueillis dans les Ifsi. « Nous ne sommes pas contre une telle augmentation, mais il faut auparavant que nous ayons de la place dans nos établissements et dans nos lieux de stage », explique-t-elle. La représentante étudiante dénonce le manque actuel de capacités, avec « des étudiants qui sont assis par terre en cours car les établissements sont trop petits », ou encore « des étudiants qui ne trouvent pas de stage préprofessionnel », et ce sans parler des conditions d’accompagnement en stage, qui sont selon elle souvent très dégradées du fait du manque de référents.

Reste que Manon Morel ne perd pas espoir. « Le ministère de l’Enseignement supérieur a lancé une mission sur l’intégration universitaire, et des discussions sont en cours autour de la réingénierie de la formation », constate-t-elle. Et concernant la formation pratique en stage, la représentante des étudiants ne manque pas d’idées. « Nous préconisons par exemple une évaluation systématique des lieux de stage, ou encore la mise en place d’un tutorat », indique-t-elle. Les idées sont là, il faudrait donc seulement, affirme-t-elle, « que les moyens soient mis au bon endroit. »

Adrien Renaud

Source : Le Quotidien du médecin