Attractivité des CHU : directeurs, doyens et CME analysent les « symptômes du mal » et proposent un nouveau « contrat social »

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Publié le 28/01/2022
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Crédit photo : PHANIE

Réduction continue du nombre des lits et des emplois, engorgement croissant des services d’urgence, hausse de l’absentéisme, sentiment de dévalorisation des soignants, distorsion des règles entre le service public et privé… Telle est la liste non exhaustive des « symptômes du mal » à l’hôpital public, selon les présidents des trois Conférences des directeurs généraux, des doyens et des présidents de CME de CHU qui ont exposé à la presse, ce vendredi, huit propositions pour le prochain quinquennat.

Pour Marie-Noëlle Gérain-Breuzard, présidente de la Conférence des directeurs généraux de CHU, « l’hôpital n’est pas réductible au Covid, le système de santé n’est pas réductible à l’hôpital et les CHU ne sont pas des hôpitaux comme les autres ». Or, aujourd’hui, à l’approche de la présidentielle « tout ne s’analyse pas le prisme de la crise », tandis que « les sujets qui vont déboucher sur la recomposition du système de santé finissent toujours en définitive par des réformes de l’hôpital ».

Innovation en santé et recherche

Le premier axe des propositions des trois Conférences concerne l’innovation en santé, pour la « libérer de ses freins » et la recherche, qui doit être « encouragée et mieux valorisée ». Les deux sont en effet indissociables pour le Pr Didier Samuel, doyen de la Faculté de médecine Paris-Saclay. Pour l’hépatologue, « il faut avoir des moyens en recherche » pour booster l’innovation.

L’une des propositions vise ainsi à favoriser l’éclosion de pépinières de l’innovation. Il pourra s'agir par exemple de créer au sein des CHU volontaires des cercles de l’innovation, mais aussi de « favoriser un cadre souple permettant le développement de clusters hospitalo-universitaires et de pôles innovants », en associant les universités, les grandes écoles, les industriels et les collectivités territoriales. Autres idées : attirer des entreprises au cœur des CHU pour la recherche-développement (RD) - voire la production - ou valoriser le risque raisonné par « la prise de participation plus systématique dans le capital des sociétés d’accélération du transfert de technologies (SATT) et des start-up incubées localement ».

Force de frappe

Pour fluidifier les liens de la recherche entre CHU et dynamiser son financement, les CHU doivent également constituer « une force de frappe permettant de développer la recherche fondamentale, clinique et translationnelle », en partenariat avec les grandes institutions de recherche. Ce qui pourrait, par exemple, passer par la création de 5 à 10 IHU supplémentaires.

Les présidents des trois Conférences ont également fait des propositions pour l’emploi. Ils désirent promouvoir un « contrat social », afin de mieux recruter, fidéliser les personnels et assouplir leurs modes de gestion, mais aussi de rendre plus attractive la permanence des soins et compenser les contraintes du travail de nuit. Pour Marie-Noëlle Gérain-Breuzard, l’iniquité entre les différents secteurs d'exercice « contribue largement à la désaffection à plus forte contrainte qui est concentrée sur l’hôpital (métiers à garde, postes de nuit, etc.) ». Et d’ajouter que, au fil du temps, « la répartition de la charge de la permanence des soins s’est totalement diluée », si bien que « tout converge vers l’hôpital et les CHU ».

Réformer le modèle de financement

Des propositions ont également été faites pour réformer le modèle de financement des CHU. Objectif prioritaire : simplifier les financements hospitaliers pour les patients et les professionnels, en supprimant le ticket modérateur, « en clarifiant les vecteurs de financement de l’hôpital public, alimentés aujourd’hui par de trop nombreuses sources », mais aussi et en intégrant une approche pluriannuelle.

Les modalités de financement de l’activité hospitalière dans les CHU devront aussi être révisées par un financement adapté, pour « reconnaître le rôle de recours des CHU en temps normal et en temps de crise ». Enfin, pour renforcer la capacité d’investissement des CHU et mieux structurer de l’offre territoriale, les trois Conférences plaident pour des dotations annuelles en investissement garanties, pour permettre, a minima, « d’éviter l’obsolescence des structures hospitalières ».


Source : lequotidiendumedecin.fr