Médecins et directeurs dissèquent leurs relations

« Directeurs et médecins hospitaliers : un amour impossible ? » C'est l'intitulé volontairement provocateur du débat de clôture de la dernière assemblée générale du Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi (SNPHARe).

Médecins, directeurs, représentants du Centre national de gestion (CNG, qui gère les carrières hospitalières) et de la Fédération hospitalière de France (FHF) ont ferraillé sur les relations compliquées entre les médecins et leur direction.

D'emblée, le Dr Nicole Smolski, anesthésiste-réanimateur à la retraite et figure emblématique du SNPHARe a annoncé la couleur : « Aujourd'hui, la confiance est rompue. Nous sommes dans le même état de défiance que les "gilets jaunes" à l'égard de l'establishment ».

Rencontres virtuelles

Le manque de communication entre le corps médical et l'administration est constaté par beaucoup d'intervenants. Pour le Dr Rémy Loyant, président de la commission médicale d'établissement (CME) du centre hospitalier d'Angoulême, l'organisation de l'hôpital est telle que « médecins et directeurs généraux ne se voient presque plus que virtuellement ». Un état de fait qui a pour conséquence de bloquer la circulation d'information entre les professionnels.

L'urgentiste s'en prend aussi aux médecins auxquels il reproche de ne pas tirer profit efficacement de leurs représentants. « L'élection du bureau de la CME n'est pas un quitus pour quatre ans, il faut la faire vivre », rappelle le Dr Loyant qui y voit un moyen efficace pour améliorer l'ambiance générale à l'intérieur de l'hôpital. « Le président de CME n'est rien quand il est seul. »

Pour Zaynab Riet, déléguée générale de la FHF, c'est autour des « valeurs hospitalières » que peuvent se retrouver directeurs et médecins. Problème, « l'étau financier » qui enserre actuellement l'hôpital public détruit toute forme de solidarité entre ces deux corps. La pression a tendance à dégrader leurs rapports. À l'approche de la campagne tarifaire pour 2019, la FHF appelle ainsi le gouvernement à une « véritable clarification »de ses intentions en la matière.

Abondant dans le sens de la FHF, Danielle Toupillier mise sur «  la notion de service public, toujours une valeur forte parmi les professionnels », pour rapprocher les médecins de leur direction. La directrice du CNG suggère aussi d'en finir avec l'analyse caricaturale et forcément négative du tandem médecin/directeur. C'est d'autant plus nécessaire que sur l'ensemble des difficultés qui lui sont signalées, conclut-elle, une majorité concerne des conflits entre pairs.