LE PRADO POUR CREDO. Les négociations qui se déroulent actuellement entre l’Assurance-maladie et les sages-femmes libérales portent sur la revalorisation des consultations et visites, la régulation de l’installation dans les zones surdotées mais aussi sur le PRADO. Quèsaco ? Le PRADO est un projet d’aide au retour à domicile en discussion depuis deux ans. Un avenant à la convention des sages-femmes doit être signé dans les prochains jours qui entérinera le lancement du programme.
« Seules 30 % des mamans sont satisfaites de la manière dont elles sont prises en charge à domicile après la grossesse, explique Frédéric van Roekeghem, directeur de l’Assurance-maladie. Il y a un besoin d’accompagnement des jeunes femmes lié à la baisse de durée de séjour à la maternité. Cet accompagnement peut être fait par les sages-femmes libérales. Il ne s’agit pas d’accélérer la sortie des jeunes mamans mais de les accompagner en s’assurant que la prise en charge post-partum est bien faite. »
La caution de la HAS.
Le PRADO a été expérimenté cette année par une douzaine de caisses primaires. Comment fonctionne le programme ? Une conseillère de l’Assurance-maladie propose le service à la mère et lui simplifie la vie : déclaration de naissance, inscription de l’enfant sur la carte Vitale. La maman est informée qu’elle peut être suivie par une sage-femme libérale à domicile. Si elle accepte, elle choisit la professionnelle de son choix sur une liste de sages-femmes participant à l’expérimentation. Elle la reçoit ensuite à domicile pour les soins postérieurs à la naissance. L’Assurance-maladie assure qu’il n’y aura pas d’interaction « sur la décision de sortie décidée par les médecins » et qu’aucun critère d’appréciation ne sera donné aux patientes.
La sage-femme réalisera au moins deux visites en post-accouchement cotées 42,40 euros : une le lendemain de la sortie et une dans les sept jours suivants. « Le contenu de ces séances a été défini avec un groupe expert de sages-femmes et validé par la Haute autorité de santé (HAS) », précise l’Assurance-maladie.
« Notre objectif est d’améliorer le taux de satisfaction des patientes à la sortie de maternité mais aussi d’éviter l’hospitalisation à domicile (HAD) pour les grossesses qui ne le nécessitent pas, affirme Frédéric van Roekeghem. Nous prévoyons la généralisation du dispositif courant 2012. »
Le programme ne sera pas destiné à toutes les femmes. Il ne s’adressera qu’aux patientes majeures qui n’ont pas de complications (sans problème de cicatrisation ou d’allaitement), qui accoucheront par voie basse d’un nouveau né à terme et sur la base du volontariat. Les grossesses à risque seront ainsi écartées du PRADO, de même que les naissances gémellaires.
Selon la Caisse, l’expérimentation du PRADO a été concluante. « Six femmes sur dix éligibles au programme ont accepté le programme et elles ont montré un taux de satisfaction élevé », indique Philippe Ulmann, directeur de l’offre de soins à la CNAM.
« Les enjeux économiques de la mise en place de ce dispositif sont importants pour l’Assurance-maladie, indique Jacqueline Lavillonnière, présidente de l’Union nationale et syndicale des sages-femmes (UNSSF). Cette évolution va dans le sens d’une réduction du temps de séjour hospitalier. Cela se fera avec ou sans nous, autant que cela soit avec nous ! » Jacqueline Lavillonnière souhaite que les sages femmes libérales – elles sont près de 3 000 en France – soient associées plus tôt dans le dispositif pour accompagner la grossesse.
Des médecins remontés.
Même si l’Assurance-maladie ne l’affiche pas, le PRADO permettra de réaliser de substantielles économies. Le coût comparé entre une prise en charge par une sage-femme libérale dans le programme et en HAD est d’un « rapport de 1 à 4 ou 5 » pour des femmes qui ont eu un accouchement normal, selon la CNAM. Environ 10 000 femmes sont prises en charge en HAD après accouchement sur les 800 000 naissances annuelles enregistrées en France.
Contacté par « Le Quotidien », le ministère de la Santé dit suivre avec intérêt cette initiative de l’Assurance-maladie « qui offre aux femmes une possibilité supplémentaire : un suivi de couches à domicile ».
Les professionnels de santé ont découvert le PRADO ces derniers jours et ils s’offusquent de n’y avoir pas été associés. « À J +2, les femmes et les enfants sont fragiles et on les éjecte des maternités alors que le retour classique à domicile est de 4 à 5 jours », s’insurge le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF. Le Dr Antoine Leveneur, président de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) de Basse-Normandie s’étonne que les agences régionales de santé (ARS) n’aient pas été mises au courant de ce programme. « Nous sommes pris pour des pions », s’insurge pour sa part le Dr Alice Touzaa, du Syndicat des gynécologues médicaux. Interpellé par les cadres de la FMF, Frédéric van Roekeghem a assuré qu’il rencontrerait les professionnels à ce sujet.
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