Haro sur le tiers payant et le testing

Les médecins de la FMF étrillent le projet de loi de santé

Publié le 13/10/2014
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« On nous considère comme des nantis égoïstes », « le gouvernement nous prend pour des escrocs »... Les 250 congressistes réunis à Marseille au congrès de la FMF expriment leur aversion pour le projet de loi de santé et deux mesures emblématiques de ce texte : la généralisation du tiers du tiers payant et les opérations de testing.

Pierre-Jean Lancry, ancien directeur général de l’ARS de Basse-Normandie, a beau expliquer que dans sa région, le tiers payant est en place « sans énerver les libéraux », rien n’y fait. Le défouloir est en marche. « En Normandie, croit savoir un congressiste, le tiers payant n’est pas obligatoire et il n’est pas intégral ». « Nous n’avons ni le moyens financiers, ni les moyens matériels de le faire », crie une autre. « Chez nous, le tiers payant est obligatoire depuis quinze ans, confie un médecin réunionnais. Ça ne se passe pas trop mal avec le régime général, mais nous avons de gros problèmes avec les autres caisses ». Il estime à 10 % les impayés. « Et quand il y a un problème, c’est toujours la faute du médecin ».

Un généraliste du Nord-Pas-de-Calais explique que l’avance de frais est devenue une tradition dans les bassins miniers de sa région. « Je pratique le tiers payant pour une très grande partie de ma patientèle, raconte-t-il. Je n’ai pas de secrétaire, je récupère plus de 95 % des sommes qui me sont dues, et la plupart des mutuelles me remboursent rubis sur l’ongle, dans les délais. »

Pas confiance dans les caisses

Le Dr Claude Bronner, patron de la branche généraliste de la FMF, rappelle les résultats d’une enquête qu’il a menée, selon laquelle 80 % des médecins sont opposés au tiers payant obligatoire, qui génère des frais de traitement de 3 à 4 euros par patient. « Nous n’avons pas confiance dans les caisses », conclut-il sous l’approbation bruyante de la salle.

Autre sujet qui fâche : le testing qui permettra de signaler les praticiens aux pratiques discriminatoires.

« Pour une part infime de médecins qui pratiquent très occasionnellement le refus de soins, on stigmatise toute une profession », fulmine une généraliste. Le président de la FMF, le Dr Jean-Paul Hamon, invite ses adhérents à faire de la pédagogie : « Expliquez à vos confrères ce qu’est le projet de loi de santé. Les médecins ne savent pas ce qu’il leur réserve ! »

H.S.R.
FMF

Source : Le Quotidien du Médecin: 9356