Médecins mercenaires : année blanche 

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Publié le 15/12/2022
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Si le plafonnement de la rémunération de l'intérim médical n'a pu entrer en vigueur en 2022, le couperet tombera l'an prochain, promet le gouvernement.

Interimaires

Des « mercenaires cannibales ». C'est de cette façon que François Braun qualifiait les médecins qui pratiquent l'intérim à outrance, lors de l'ouverture du CNR santé en octobre. « Quand un médecin gagne, en une nuit, deux fois ce que gagne une infirmière en un mois, je dis stop », illustre le ministre de la Santé début novembre devant l'Association des journalistes de l'information sociale (Ajis).

Si le gouvernement a plusieurs fois montré les muscles face aux intérimaires, il a renoncé à mettre en œuvre la loi Rist d'avril 2021 qui plafonnait leur rémunération à 1 100 euros les 24 heures. Devant initialement entrer en vigueur fin octobre de la même année, elle avait été repoussée par Olivier Véran « dès que possible en 2022 ». Une promesse jamais concrétisée – en raison de l'impossibilité d'appliquer cet encadrement dans de nombreux hôpitaux en situation de pénurie – conduisant l'exécutif à changer de braquet au moment de la présentation du PLFSS à l'automne.

Idée soufflée par la Fédération hospitalière de France (FHF), le budget de la Sécu prévoit que les nouveaux diplômés – médecins comme infirmières – ne pourront plus commencer leur carrière par l'intérim, dès l'an prochain.

La mise en œuvre de la loi Rist n'est pas abandonnée pour autant, jure le gouvernement. « Le décret d'application de la loi sera pris et la régulation de l'intérim sera mise en œuvre au 1er mars 2023 », s'est même avancée Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée aux professions de santé lors d'une séance de question au gouvernement début novembre. Une date avec laquelle son ministre de tutelle a pris quelques distances. « Nous nous sommes donné quelques mois afin que les ARS puissent identifier les hôpitaux les plus en difficultés par rapport à l'intérim pour voir comment les aider à l'échelon territorial », a  confié François Braun à la presse en novembre, conscient du risque de nouvelles grèves des intérimaires lorsque le couperet du plafonnement de leur rémunération tombera. Actuellement, jusqu'à 20 % des PH travailleraient en intérim.

Véronique Hunsinger

Source : Le Quotidien du médecin