Travail de nuit, contraintes posturales : le personnel hospitalier particulièrement exposé à la pénibilité

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Publié le 06/01/2020

Crédit photo : S. Toubon

Alors que le gouvernement entame ce mardi 7 janvier la concertation avec les partenaires sociaux sur la pénibilité et les fins de carrière dans le cadre de la réforme du système universel de retraites, une étude fouillée révèle la forte exposition des salariés de l'hôpital public à une multitude de contraintes et aux risques psychosociaux. 

Les experts de la DARES (ministère du Travail) ont analysé les réponses de 26 500 salariés représentatifs – toutes professions – des trois branches de la fonction publique (État, hôpital, collectivités territoriales) et du secteur privé, issues de l’enquête Surveillance médicale des expositions des salariés aux risques professionnels (SUMER) de 2017. Les questions portaient sur l’activité professionnelle habituelle du salarié ou de la dernière semaine travaillée. Quelque 200 situations de travail classées en quatre catégories sont passées au crible : nuisances physiques, contraintes organisationnelles, expositions aux agents chimiques et aux agents biologiques. Un auto-questionnaire sur le vécu du travail analyse les risques psychosociaux. 

Sur une grande partie des items portant sur les nuisances physiques, la pénibilité au travail est plus élevée à l'hôpital public que dans les autres secteurs. Huit agents hospitaliers sur dix sont ainsi exposés à des contraintes posturales et articulaires, contre 71,5% pour l'ensemble des employeurs.

La proportion de salariés qui effectuent un travail réclamant une position forcée d'une ou plusieurs articulations est de 25 % à l'hôpital, soit cinq fois plus que dans la fonction publique d'État (et 18% en moyenne). On retrouve également un écart de un à quatre voire de un à cinq en ce qui concerne l'exposition aux radiations ionisantes de catégorie A ou B (selon le niveau d’exposition). 

Travail le dimanche, tensions...

De surcroît, deux tiers des personnels hospitaliers sont concernés par le travail debout ou le piétinement contre seulement 48,7% de l'ensemble des personnes interrogées. 

Les modalités d'organisation sont elles aussi défavorables aux fonctionnaires hospitaliers. Près de 70 % d'entre eux évoquent un contact « tendu » avec le public (même occasionnellement) contre un salarié sur deux en moyenne. 

Autre contrainte : plus de 45 % des agents de l'hôpital public travaillent au moins dix dimanches par an. C'est 33 points de plus qu'au niveau des collectivités territoriales (et 28 points de plus que dans le privé). 

Même occasionnel, le travail de nuit entre 0 et 5 heures concerne deux fois plus d'hospitaliers (26,7%) que d'employés du privé (13,3%) et quatre fois plus que dans la fonction publique territoriale (7,3%). 

Enfin, l'hôpital explose les scores quand on analyse l'exposition à des produits potentiellement dangereux. 72,8 % des hospitaliers sont exposés à un ou plusieurs agents biologiques (contre 24,9% en moyenne). Le contact avec des agents chimiques est aussi le lot commun de 57 % des agents de la fonction publique hospitalière, contre 32,3 % des salariés dans leur ensemble.


Source : lequotidiendumedecin.fr