Les métiers de la santé n’échappent pas aux inégalités professionnelles entre les femmes et les hommes. « Les femmes représentent une grande partie des professionnels de santé mais restent sous-représentées dans les hautes fonctions hiérarchiques des établissements, institutions et entreprises de santé. Dans les médias, elles occupent le plus souvent les rôles d’aidantes et de témoins », soulève le collectif Femmes de santé*, à l’occasion de la quatrième édition de ses états généraux. Si l’on compte 78 % de femmes dans la fonction publique hospitalière, elles demeurent sous-représentées dans les postes à responsabilités des établissements.
Et les chiffres du Centre national de gestion (CNG, ministère de la Santé) parlent d’eux-mêmes : en janvier 2023, seulement 25,6 % des médecins exerçant sous le statut de PU-PH sont des femmes. Même ordre de grandeur s’agissant des directeurs hospitaliers en poste : « Parmi les 335 chefs d’établissement en poste au 1er janvier 2023, 90 sont des femmes, soit 26,8 % ».
Afin de briser le plafond de verre, le collectif Femmes de santé formule une quinzaine de recommandations. Pour les professionnelles de santé qui doivent conjuguer travail et vie de famille, il est notamment proposé « un congé parental égal pour les deux parents, à prendre dans les six premiers mois suivant la naissance de l’enfant ». De cette manière, le collectif espère réduire les discriminations à l’embauche et pour les promotions, et générer un meilleur équilibre entre vie privée et professionnelle. Pour aider les femmes à gravir les échelons dans la hiérarchie, il est aussi recommandé, dès les premières années d’études post-bac, de former les femmes à la prise de parole et à la confiance en soi. Le collectif suggère même la mise en place d’un mentorat dédié à la réussite au féminin tant dans la formation initiale que dans la formation continue.
Poursuivre la lutte contre le harcèlement et les violences sexistes et sexuelles
Reste que la montée des femmes dans les plus hautes fonctions hiérarchiques est conditionnée à un changement des mentalités. Dans les établissements d’enseignement supérieur, comme dans les hôpitaux et entreprises, le collectif Femmes de santé appelle à mettre en place des programmes de sensibilisation aux biais et stéréotypes de genre, portés par des équipes de formateurs mixtes. Et pour davantage de transparence sur le niveau des inégalités entre femmes et hommes, il est conseillé de « mieux communiquer et valoriser dans le secteur de la santé l’index d’égalité professionnelle ». Composé de 4 à 5 indicateurs selon la taille de l’organisation, cet outil est obligatoire pour les établissements de plus de 50 salariés et informe sur les écarts de rémunération, de répartition des augmentations individuelles et de répartition des promotions entre les femmes et les hommes. Le nombre de femmes dont le salaire a augmenté à leur retour de congé maternité y est également indiqué, tout comme la parité parmi les 10 postes les plus rémunérés.
La réussite professionnelle des femmes dans le secteur de la santé dépend aussi de l’engagement des structures contre le harcèlement, le sexisme et les violences sexistes et sexuelles. Il est recommandé de pratiquer une politique du « aller vers », par la mise en place, dans les établissements de santé et les entreprises, d’entretiens annuels organisés par des personnes externes, afin de libérer la parole. À cela, le collectif Femmes de santé recommande la création de « cellules d’experts impartiaux », chargés de traiter des cas anonymisés de harcèlement, discriminations ou de violences sexistes et sexuelles.
* créé à l’initiative d'hkind, start-up spécialisée dans le conseil et la formation
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