Tribune

De la greffe hépatique à la mise en danger du GHU H.Mondor/A.Chenevier

Publié le 31/05/2018
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La volonté exprimée par la Direction générale de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), de vouloir absolument supprimer un des quatre services de transplantation hépatique en Ile-de-France met en danger notre Groupement hospitalier Universitaire (GHU).

Supprimer, un service comme celui de la greffe hépatique, ce n’est pas simplement le transfert d’un geste chirurgical vers un autre établissement. C’est, pour les malades, tout un plateau technique, de multiples compétences que l’on désarticule, mettant en danger tant l’Hôpital que la faculté de Médecine de Créteil, l’enseignement et la recherche au sein de l’Université Paris-Est-Créteil.

Le programme de transplantation hépatique du CHU Henri Mondor a débuté il y a 30 ans, dans le contexte du développement des activités médico-chirurgicales hospitalo-universitaires en hépatologie du site, leader international dans ce domaine. Il s’agit d’un programme à volume élevé, avec une moyenne de 75 greffes par an sur les 5 dernières années. Le nombre médian d’évaluations pré-greffes est évalué à 130 patients par an. Ce programme représente aujourd’hui 35% de l’activité du service d’Hépatologie., et le Pôle CITI (Cancer-Infection-Transplantation-Immunité) pour 40% des forces médico- chirurgicales du site, constituant majeur du Département Hospitalo-Universitaire VIC (Virus, Immunité, Cancers).

Il s’inscrit dans l’activité de transplantation multi-organes, la plus importante de l’AP-HP, dont il est un axe stratégique du site. Quant à la coordination du prélèvement d’organes et de tissus, c’est la 1ère structure en Ile-de-France et la 5ème structure nationale.

Enfin, remettre en cause ce secteur d’activité de Mondor, c’est porter un coup majeur à la multidisciplinarité de l’établissement, dont l’axe de transplantation hépatique est connecté à de très nombreux services et activités hospitalo-universitaires de soin, d’enseignement et de recherche du CHU Henri Mondor, construit sur de nombreuses années autour d’un parcours patient simple et mono-site.

 

Un large territoire géographique et un pôle d'excellence

En intervenant sur le centre expert, qu’est le GHU Mondor dans ce domaine, l’AP-HP met en difficulté, un large territoire géographique regroupant les départements du Val-de- Marne (en partie), de Seine-et-Marne et un tissu de collaborations loco-régionales localisées en Essonne, dans les Yvelines ou en province.

L’axe « Foie » constitue un axe fort de la recherche institutionnelle et l’activité de recherche translationnelle soutenue à Henri Mondor. Ce sont donc aussi des postes d’enseignement et de recherche, l’attractivité étudiante, et donc à terme le recrutement de médecins de haut niveau sur l’Hôpital.

Pour toutes ces raisons, et au regard du projet médical que nous défendons pour le GHU et son large territoire d’intervention, qui mérite la présence d’excellence, nous ne pouvons accepter une telle décision de la Direction générale de l’AP-HP, en contradiction avec les orientations de l’Agence Régionale de la Santé du 17 octobre 2017 et du Plan régional de la Santé 2018-2027.

Parlementaires de tout l’arc de cercle politique du département, Conseillers départementaux et régionaux, Présidents de Conseil de surveillance des GHU Mondor et P.Brousse, communauté médicale et universitaire, personnels et intersyndicale CFDT- CGT-SUD Santé, associations de malades, citoyens au sein de la Coordination de Vigilance du GHU, nous demandons instamment que le groupe de travail qui devait se mettre en place dans la diversité des disciplines et compétences, d’H.Mondor et de P.Brousse, puisse être réuni comme décidé par le Directeur-adjoint du cabinet de la Ministre de la santé, Mme Buzyn. Il se doit d’élaborer un projet conjoint à ces deux groupements hospitaliers dans le Val-de-Marne, sauvegardant les deux sites de transplantations hépatiques au service des patients, de l’enseignement et de la recherche dans tout le territoire sud, de l’est à l’ouest de notre région, en lien avec des territoires associés de province proche.

Nous en appelons aux citoyennes et citoyens de ces départements, leurs élu-e-s, au Directeur de l’Agence régional de la Santé (ARS) d’Ile de France, à la Ministre de la Santé, a tout faire pour obtenir le respect de cet engagement et rétablir la confiance. Alors que se finalise le Plan Régional Santé, nous ne lâcherons pas, car il en va de l’organisation de la santé de tout un département, d’un large territoire géographique, de l’enseignement comme de la recherche en France et au plan international.

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Liste complète des signataires : Jean-Jacques Bridey, Christian Cambon, Luc Carvournas , Laurence Cohen, Guillaume Gouffier-Cha , Michel Herbillon, Laurent Lafon, Jean-François Mbaye, Mathilde Panot, Maud Petit, Catherine Proccacia, Laurent  Saint-Martin, Pascal Savoldelli, Sophie Taille-Pollian, Pr Pierre Wolkenstein, Pr Jean-Luc Dubois-Randé, Pr Christophe Hezode, Pr Jean-Michel Pawlotsky, Coordination de Vigilance du GHU H.Mondor/A.Chenevier, Dr Fabien Cohen, Olivier Capitanio (Maire de Maisons-Alfort), Christian Métairie (Maire d’Arcueil) Pascal Savoldelli (sénateur), Hélene de Cormamond (Maire de Cachan), Dominique Le Bideau (1ère Adjointe au maire de Vincennes), Intersyndicale CFDT-CGT-SUD santé H.Mondor, Union syndicale Solidaire 94, UD CGT 94, USAP-CGT, SUD Santé AP-HP, Réseau Education Populaire (Rep), UFAL de Créteil, Fernandes Suzette, Alain El Koubi, Jean-Michel Riebert, Daniel Ringeard, Convergence pour la défense des services publics.

Dr Fabien Cohen*

Source : Le Quotidien du médecin: 9669