Les blocs opératoires du CHU de Brest, déficitaire, ont optimisé leurs plages opératoires pour tourner plus. L’équilibre financier reste fragile malgré la récente réorganisation, et le désarroi gagne certains praticiens qui se sentent poussés à l’activité. « On a l’impression de remplir un tonneau des danaïdes », expose un chirurgien.
La direction générale du CHU demande régulièrement à consulter les données d’activité individuelles de tel ou tel. Le médecin DIM informe par mail les praticiens concernés, qui peuvent exercer un droit de regard. Des questions restent sans réponse. « À quoi sert l’analyse de notre activité brute ? La direction ne communique pas ses intentions. On est prêt à avancer, mais on n’a pas compris la route », déclare un PH.
Le malaise s’est creusé lorsque deux jeunes chirurgiens se sont vu proposer un contrat au résultat. La direction leur aurait demandé d’augmenter leur activité avant de les titulariser. Contacté, Philippe El Saïr, directeur général du CHU, n’a pas répondu. Les chirurgiens titulaires réagissent diversement. « On se demande si les vieux ne vont pas être poussés dehors parce qu’ils ne travaillent pas assez, note celui-ci. En CME, un représentant des internes a trouvé étrange que des jeunes soient recrutés sur objectif d’activité alors que des vieux roupillent dans leur bureau. À quoi sert ce management, sauf à culpabiliser les seniors et créer la zizanie ? ».
Ce chirurgien s’inquiète d’une dérive possible. « Le jeune qui n’a pas l’expérience de ses aînés pourra être tenté de pousser les indications opératoires pour atteindre l’objectif. Ce n’est pas éthique. Et cela peut déstructurer une équipe, si le jeune pique les patients à ses collègues. Sur une activité fermée n’existant pas dans le privé, le CHU n’a rien à gagner, il ne va pas inventer des patients. Ce nouveau type de management a peut-être une logique, mais on aimerait qu’on nous l’explique, au lieu de donner l’impression qu’on nous incite à faire de l’abattage ».
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