Ehpad, déserts médicaux, hôpitaux, soignants « licenciés » : la santé s'invite dans le débat télévisé Macron-Le Pen

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Publié le 21/04/2022

Crédit photo : AFP

Onze petites minutes au mitan des 2 h 45 de débat télévisé, mercredi soir, entre les deux candidats du deuxième tour à l'élection présidentielle, ont été consacrées à la santé et à la dépendance, deux sujets pourtant évoqués dès les propos liminaires. « Je serai la présidente de la santé partout et pour tous », avait déclaré d'emblée Marine Le Pen, tandis qu'Emmanuel Macron rappelait que l'école et la santé étaient « au cœur » de son projet. Le second avait également évoqué l'Europe des vaccins pour faire valoir l'efficacité de l'UE et… renvoyé à sa concurrente l'intérêt qu'elle avait manifesté, l'an dernier, pour Spoutnik, le vaccin russe controversé.

Contre les déserts, Macron promet une « méthode totalement nouvelle »

Cependant, dans le détail, les deux concurrents se sont peu affrontés sur le terrain sanitaire et ont surtout déroulé leurs programmes respectifs.

Interrogé d'abord sur l'hôpital « menacé d'effondrement », Emmanuel Macron a rappelé les « décisions prises dès 2018 » à savoir la fin de la baisse des tarifs hospitaliers et la suppression du numerus clausus. « Malheureusement, cela prend trop de temps, puis nous avons vécu la crise », a-t-il commenté. Il a ensuite souligné les mesures d'investissement et de hausse de salaires décidés pendant le Ségur de juillet 2020 avant d'admettre encore que « ce n'est pas suffisant ». « Aujourd'hui, ce sont les conditions de travail qui sont les plus dures et on doit continuer à investir dans notre système de santé pour redresser l'hôpital et réembaucher », a plaidé le candidat LREM.

S'agissant des déserts médicaux, il a promis « une méthode totalement nouvelle à l'échelle d'un territoire », intégrant tous les professionnels médicaux et paramédicaux (libéraux, hospitaliers) avec la mise en place d'un « référent santé » qu'il avait déjà évoqué lors de sa conférence de presse de présentation de son programme.

Le Pen veut réintégrer les soignants non vaccinés

Marine Le Pen a pour sa part promis que l'hôpital « ira beaucoup mieux » si elle était élue, reprochant au président sortant d'avoir « attendu la crise pour bouger » et pour « s'apercevoir que le personnel soignant était dans une souffrance absolument inouïe depuis des années et sans faire preuve de beaucoup d'empathie à son égard ». Allusion aux « 15 000 soignants licenciés sans salaire du jour au lendemain », faute d'être vaccinés contre le Covid, et qu'elle promet de réintégrer y compris en leur restituant « le salaire dont ils ont été privés ».

Reprochant au président sortant d'avoir tardé sur les déserts médicaux, elle a commis une erreur de calendrier (« vous avez supprimé le numerus clausus l'année dernière »), promptement rectifiée par son adversaire qui a rappelé que la décision avait été prise dès la deuxième année de son mandat. « Quoi qu'il en soit, je crois qu'il faut investir 20 milliards sur cinq ans, a poursuivi la candidate du RN (chiffre déjà donné dans un entretien nos colonnes), à l'issue de la seule et brève passe d'armes des candidats sur la santé. C'est 10 milliards pour la revalorisation, et l'embauche aussi, du personnel dans les Ehpad pour éviter les drames et la souffrance des patients et des soignants. Et aussi 10 milliards d'investissements à l'hôpital pour le matériel, c'est-à-dire un plan scanner/IRM qui sera financé par un fonds souverain privé ». Elle a également défendu le développement de la télémédecine et les incitations à l'installation dans les zones sous-denses.

Un modèle mutualiste pour les Ehpad ?

Sur la dépendance, Marine Le Pen a promis davantage de contrôles dans les Ehpad, des « ratios » de personnels, la présence systématique d'un médecin coordonnateur par établissement et d'infirmières de nuit. Elle envisage aussi un « modèle mutualiste des Ehpad » au côté du secteur public et se dit opposé au privé lucratif.

Emmanuel Macron a, pour sa part, promu l'aide au maintien à domicile des personnes âgées par l'aménagement du logement ou le soutien aux auxiliaires de vie en permettant à ces derniers d'avoir un temps de travail complet, ainsi que 50 000 postes en Ehpad. Un programme financé par la réforme des retraites et la promesse du plein-emploi. Dans ses mots de conclusion en fin d'émission, il a par ailleurs regretté que le débat n'ait pas eu le temps de porter sur la question du handicap.

Le débat continue sur les réseaux…

Sur les réseaux sociaux, ce sont surtout les soutiens du président de la République sortant qui se sont exprimés sur la partie « santé » du débat à commencer par son ministre actuel, Olivier Véran, qui avait confié au « Quotidien » qu'il était prêt à rempiler avenue de Ségur, si on le lui demandait.

Olivier Véran avait déjà représenté le candidat LREM lors d'un débat télévisé sur LCI lundi soir où il était opposé à Jordan Bardella, président du RN. Un plateau où le premier avait défendu le bilan du Ségur de la santé.

 Son contradicteur l'avait alors attaqué sur l'état de l'hôpital public et la gestion de la crise du Covid.


Source : lequotidiendumedecin.fr