Une pédiatre de l'hôpital de Cambrai (Nord) a été condamnée mardi 15 décembre à 18 mois de prison avec sursis pour homicide involontaire, après la mort en 2016 d'une fillette de trois ans dans son service. Deux ans de prison avec sursis avaient été requis contre la professionnelle lors de l'audience le 25 septembre dernier.
« Nous espérons que cette décision permettra à la pédiatre de comprendre les fautes qu'elle a commises » et de changer ses pratiques, a réagi auprès de l'AFP l'avocat de la famille de la petite Maréva, jugeant cette décision « satisfaisante » puisqu'elle reconnaît le « principe de culpabilité ». « Une condamnation pénale d'un médecin, c'est quelque chose de très exceptionnel, à la hauteur de la faute commise », a-t-il estimé.
Dans la nuit du 8 au 9 mars 2016, Maréva, trois ans, avait été conduite en ambulance à l'hôpital aux alentours de 1 h 30, pour des vomissements et des douleurs abdominales. Retrouvée en arrêt cardiaque vers 8 h 30, elle était décédée malgré une heure de réanimation. Selon les trois expertises médicales ordonnées, elle serait morte d'un état de choc, d'un mégacôlon toxique ou d'un volvulus du grêle. Les hypothèses n'ont pas pu être vérifiées, la famille ayant refusé l'autopsie.
Pas d'astreinte à l'hôpital
Cette nuit-là, contrairement au protocole, l'infirmière d'accueil et d'orientation ne mesure pas les constantes à son arrivée, prétextant qu'elle a peur. Maréva part donc en pédiatrie, sans voir de médecin urgentiste.
À cette époque, deux pédiatres se relayent pour les astreintes de nuit, à leur domicile, contre quatre théoriques. Inquiète de l'état de Maréva, une interne de médecine générale appelle la pédiatre sénior d'astreinte, qui la renvoie vers le chirurgien d'astreinte, qui raccroche, considérant que si la pédiatre ne s'est pas déplacée, il n'a pas à intervenir.
Rappelée, la pédiatre arrive finalement vers 3 h 45, ausculte l'enfant et appelle le radiologue d'astreinte, qui ne se déplace pas. À défaut de scanner, des radios sont réalisées. La pédiatre repart chez elle vers 4 h 30, et demande de poursuivre la surveillance.
La pédiatre effondrée durant l'audience
« Pour moi, elle n'allait pas mourir. Elle est en soins continus, avec un scop », s'était effondrée la prévenue à l'audience, en larmes. Reconnaissant une « erreur de diagnostic », l'avocate de la défense, Brigitte Karila, avait insisté sur les « conditions défectueuses » et l'absence de travail d'équipe à l'hôpital.
Le ministère public avait lui considéré que la médecin avait « involontairement causé la mort en ne prenant pas les mesures qui auraient pu éviter le décès ». Saisi par la famille, le tribunal administratif de Lille a condamné en 2019 le centre hospitalier à des dommages-intérêts. Depuis ce drame, les spécialistes font leur astreinte à l'hôpital.
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