Face aux tensions, le CHU de Bordeaux joue la carte de l'innovation et de l'attractivité pour fidéliser ses soignants

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Publié le 07/01/2022
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C’est un CHU de Bordeaux « en tension » mais serein qui a tenu ce vendredi sa traditionnelle conférence de début d’année. Face à une pandémie « pour le moment maîtrisée », selon le Pr Nicolas Grenier, président de la CME, l’établissement a fait le point sur ses projets de modernisation et ses mesures d'attractivité, au cœur de sa stratégie dans un contexte de tension accrue sur les ressources humaines. 

Sa nouvelle politique de recrutement et de fidélisation des personnels est « un sujet central pour 2022 », a rappelé Yann Bubien, directeur général du CHU, qui a salué la mobilisation de tous les soignants, en première ligne depuis deux ans. Face aux difficultés de recrutement et à la montée des besoins, il a présenté « l’arsenal de propositions mises en place cet automne pour donner envie aux personnels de travailler au CHU de Bordeaux ».

CDI, incitations, bourses d’études

Au programme : le recrutement « directement en CDI » pour les aides-soignantes et infirmières ou des titularisations directes sur des postes de fonctionnaires. « C’est un avantage énorme, du jamais vu, un argument très attractif qui m’a déjà aidé dans plusieurs recrutements », se félicite Stéphanie Capes, cadre supérieure de santé, au pôle des neurosciences cliniques.

Le CHU recourt également à des mesures salariales incitatives – complétant celles du Ségur de la Santé – en particulier pour les soignants des urgences, des soins critiques et des services de nuit. Au total, « une jeune infirmière recrutée en soins critiques, voit sa rémunération majorée de 7 000€ brut par an », a précisé Yann Bubien. D’autres mesures sont proposées pour valoriser les carrières par des promotions ou des mobilités professionnelles facilitées.

2022 verra le CHU s’engager fortement dans l’apprentissage au sein de ses 13 écoles paramédicales. Il proposera aussi des bourses pour encourager les étudiants à exercer au CHU. « Une infirmière en 2e ou 3e année pourra signer un contrat avec le CHU qui lui permettra de percevoir pendant ses études une allocation (500€ par mois sont envisagés) en échange d’une, deux ou trois années de travail au CHU », explique Yann Bubien. Ces mesures sont largement diffusées sur les réseaux sociaux, dans les salons et forums de recrutement nationaux.

Redonner du sens

Des expérimentations innovantes sont en marche. « Pour fidéliser nos agents, nous devons nous réinventer, enlever les tâches administratives qui pèsent sur les soignants, explique Stéphanie Capes. Nous réfléchissons à de nouvelles organisations horaires, à créer de nouveaux métiers, comme un agent administratif au sein d’une équipe de soins, pour recentrer les soignants sur le métier qu’ils ont choisi et redonner du sens à leur travail. Surtout, nous devons écouter leurs suggestions. »

L’établissement peut enfin tabler sur l’attractivité de son projet « nouveau CHU » qui prévoit un investissement de 1,2 milliard d’euros sur 10 ans. Ainsi, le nouvel hôpital des Enfants, inauguré en novembre, ouvrira ses portes au 1er mars, avec ses 10 000 m² supplémentaires (dont 2 600m² pour les urgences pédiatriques). En septembre, ce sera l’ouverture du nouveau service de neuro-réanimation (25 lits). D’ici là, nous débuterons les études pour la reconstruction de l’Ehpad de Lormont et la construction (sur le site Haut-Lévêque, à Pessac) du futur institut de biologie, probablement le plus grand de France.

De notre correspondant Patrice Jayat

Source : lequotidiendumedecin.fr