De la mission flash aux travaux pratiques ! Quatre jours après avoir remis à la Première ministre ses 41 « recos » sur les urgences, le Dr François Braun a été nommé ministre de la Santé, en remplacement de Brigitte Bourguignon, démissionnaire. Une surprise : alors que plusieurs députés médecins étaient pressentis, c'est le choix d'un solide technicien qui a prévalu.
S'il est « un peu novice » dans l'exercice du pouvoir, selon ses mots, François Braun maîtrise les rouages du système de santé, et notamment de l'hôpital où il exerce depuis plus de 30 ans. « Le système manque de souplesse et de visibilité, il n'est plus compris par les Français et nos soignants », a diagnostiqué l'urgentiste de Metz lors de sa prise de fonctions. Face à un système « à bout de souffle », il devra s'atteler en priorité à une rénovation profonde « loin des incantations » et « au plus près des territoires » car « les besoins de santé ne sont pas les mêmes en Moselle ou dans le Pays basque ».
Préparer la grande concertation
Jamais élu ni engagé en politique, c'est l'équipe de campagne d'Emmanuel Macron qui est venue le chercher en janvier pour travailler sur le projet santé du candidat à la présidentielle. « Ce n'est pas moi qui me suis proposé mais je n'aurais dit oui à personne d'autre », confiait alors au « Quotidien » François Braun. À peine réélu, le président de la République lui commande un rapport flash sur les urgences, à rendre sous un mois. L'engagement est tenu, et la copie validée par Matignon, qui retient tout. « Il y a urgence pour lutter contre les inégalités d'accès à la santé, dont les déserts médicaux sont l'emblème le plus terrible, mais aussi pour l'hôpital et pour les soignants, terrassés par la crise Covid », résume le nouveau locataire de Ségur.
Avec sa ministre déléguée Agnès Firmin-Le Bodo (ci-dessous), il doit recevoir rapidement « les corps intermédiaires de santé » pour préparer la concertation des parties prenantes annoncée par Emmanuel Macron. À peine nommé, il a choisi de se rendre au centre hospitalier intercommunal de Créteil (Val-de-Marne) afin de voir comment se passe « la mise en application » de ses recos.
Pragmatique
Né en 1962 à Belfort, diplômé de la fac de médecine de Nancy, le Dr Braun est issu d'une famille de médecins militaires. Après avoir soutenu sa thèse, il reste au service des urgences du CH de Verdun (Meuse), où il exercera comme PH pendant 19 ans. En 2009, il rejoint le CHR de Metz Thionville comme chef de service, puis chef du pôle Urgences à partir de 2018. L'établissement fait partie des 21 sites pilotes du service d'accès aux soins (SAS), expérimenté avec la médecine de ville et dont le Dr François Braun est l'inspirateur.
Apprécié des syndicats de libéraux, ce médecin de terrain est décrit comme un homme pragmatique et investi. « Il faisait encore des gardes aux urgences juste avant la mission flash », indique la cheffe de service des urgences de Metz Thionville au « Républicain Lorrain ». « Urgentiste je suis, urgentiste je reste, avec dans mon ADN la volonté de qualifier les problèmes et d'agir rapidement pour les résoudre », a glissé François Braun en prenant son poste. Il peut aussi se montrer stratège. En prenant la tête en 2014 du syndicat Samu-Urgences de France – qu'il vient de quitter – l'hospitalier avait indiqué ne pas vouloir diriger « un syndicat à la française, mais être sur la ligne du consensus à l’allemande, faire avancer les dossiers, ne rien contester sans proposer quelque chose ».
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